Coup d’accélérateur pour KuB, la plateforme culturelle audiovisuelle en ligne

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Une plateforme culturelle audiovisuelle en ligne, gratuite, sans publicité et d’une grande diversité: l’épidémie de coronavirus a donné un coup d’accélérateur supplémentaire à KuB, née en Bretagne il y a quatre ans. «KuB, c’est un média d’auteurs et d’oeuvres, qui fait une large part au documentaire, s’adresse au monde et le regarde à partir d’un territoire», en l’occurrence la Bretagne, sans être auto-centré, explique le fondateur et directeur du site, Serge Steyner. Sur KuB -pour Kultur en Bretagne-, on trouve de tout et du monde entier: au-delà des documentaires qui constituent un peu plus de la moitié des oeuvres proposées, on y découvre des fictions ou des captations de spectacle, on y tutoie peinture, architecture ou photographie, on y picore livre, poésie ou bande dessinée. On peut aussi s’y adonner au plaisir des podcasts, souvent de véritables créations radiophoniques, ou se laisser surprendre par «le clip de la semaine». Autre particularité: la grande majorité des offres est accompagnée d’un texte de présentation, parfois d’une note d’intention de l’auteur et de sa biographie, autant d’éléments qui permettent de contextualiser l’oeuvre et le cheminement de son créateur. S’il le souhaite, une rubrique invite l’internaute à «aller plus loin» et compléter sa découverte. «Cela nous oblige à justifier ce que l’on choisit de montrer, pas seulement à «passer les plats»», revendique le documentariste chevronné. Face à cette offre généreuse, le bouche à oreille fait son chemin : pour la première fois, KuB a franchi «en janvier le cap des 200.000 visites mensuelles», après les 100.000 à l’automne 2019, se réjouit Serge Steyer. Parmi les internautes, 30 à 40% viennent de Bretagne, 10 à 20% de l’étranger, et le reste d’autres régions de France. «Les lecteurs du Washington Post n’habitent pas tous Washington», ironise le directeur du webmedia face à la diversité de ce public. «On a progressé de 45% ces 12 derniers mois», analyse cet Alsacien d’origine. «Après un très bon mois au début du confinement, ça s’est un peu tassé parce qu’à ce moment-là, il y a eu une pléthore d’offres gratuites, notamment de la part d’institutions ayant davantage de moyens». Au-delà du confinement, Serge Steyer relève aussi «l’évolution des usages», avec des plus jeunes davantage portés sur des contenus web. 

Un espace public sur le web» : Des festivals annulés du fait du contexte sanitaire ont aussi tracé leur sillon sur KuB. «Ça ne remplace pas le «live» mais ça permet d’activer un public, un réseau, de faire qu’on puisse partager malgré les circonstances», constate Serge Steyer. Parmi ceux-ci, le festival national du film d’animation, «Pêcheurs du monde» et sa sélection internationale, ou encore les Etoiles de la Scam (société civile des auteurs multimédia), dont certaines oeuvres sont encore visibles sur KuB. En ardent défenseur d’une décentralisation audiovisuelle qu’il réclame de longue date, Serge Steyner a tissé des liens avec d’autres régions. En partenariat avec la Scam, KuB diffuse ainsi la collection «Excentrics» -»les excentriques» en vieil occitan-, une collection de six documentaires «pour explorer autant de contrées», des Vosges à la Camargue en passant par les Pyrénées. Avec six salariés «pas tous à temps plein» et six jeunes en service civique, KuB est financé depuis sa création par la Région, menée par le PS Loïg Chesnais-Girard, et la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) pour l’essentiel. «Je défends un espace public sur le web», affirme Serge Steyer, conscient cependant d’une possible fragilité dans un contexte politique incertain. «On rêve depuis longtemps d’un mécénat», concède-t-il, soulignant sa volonté de diversifier ces financements.