La Ligue de football professionnel et DAZN, le principal diffuseur de la Ligue 1, ont enterré la hache de guerre. Les deux partenaires sont parvenus à un accord pour régler leur «différend» judiciaire, la LFP pouvant désormais se projeter sur la création de sa propre chaîne. Cette réconciliation prévoit le versement des deux dernières échéances dues par la plateforme britannique pour cette saison (140 millions d’euros) et la fin de la procédure engagée par DAZN devant le Tribunal de commerce de Paris. La société de streaming, qui détient les droits de la L1 jusqu’en 2029 moyennant près de 400 millions d’euros annuels, réclamait à la Ligue 573 millions d’euros pour «manquement observé» et «tromperie sur la marchandise». Cet accord, qui met fin à plusieurs mois de conflit entre la Ligue et son principal diffuseur sur fond d’abonnements en berne et de piratage massif, ouvre ainsi la voie à la création d’une chaîne par la LFP -à laquelle DAZN espère participer. Ce scénario, qui était déjà dans les tuyaux l’an dernier avant que la Ligue ne fasse le choix de DAZN en juillet 2024, juste avant la reprise de la saison de L1, suscite d’ores et déjà un fort attrait. Celui de DAZN, donc, prêt à abandonner la diffusion de ses huit matches pour y investir 100 millions d’euros. Et celui de Canal+ également, ex-partenaire historique de la Ligue 1, fâché depuis l’épisode Mediapro avec la LFP mais disposé à investir dans cette future chaîne, comme l’ont indiqué plusieurs sources. Espéré par de nombreux présidents de L1, le retour de la chaîne cryptée, qui planche déjà sur le périmètre de son champ d’action, ne se fera cependant qu’à des conditions strictes qu’elle aura elle-même fixées.
Tester le marché : Elle ne voudra pas notamment léser un autre acteur, BeIn Sport, dont elle diffuse les contenus. La chaîne franco-qatarienne devra renoncer au seul match qu’elle diffuse moyennant près de 100 millions d’euros annuels. Si la LFP trouve une issue à son litige avec DAZN, «elle se tournera vers les différents acteurs du marché, BeIN, Canal, Amazon, Disney et DAZN évidemment pour savoir quel est le meilleur partenaire pour elle», avait expliqué mercredi une source proche du dossier. L’accord désormais trouvé, Nicolas de Tavernost, fraichement nommé directeur général de LFP Media, la filiale de la Ligue qui commercialise les droits TV du championnat de France, a les coudées franches pour tester le marché pour la distribution de cette chaîne dès la saison prochaine. Un point d’étape doit être fait à la fin du mois de mai avec les différentes options proposées à l’ancien patron de M6. «DAZN se félicite des échanges constructifs et de la signature de cet accord. Nous reprenons désormais le travail pour plusieurs semaines: une nouvelle phase de discussions s’ouvre avec la LFP», a indiqué la plateforme britannique. Depuis que DAZN a obtenu les droits de la Ligue 1, les relations s’étaient progressivement tendues entre les deux parties, le diffuseur étant fragilisé par ses tarifs trop élevés, un nombre d’abonnés insuffisant (près de 650.000 selon plusieurs sources contre 1,5 millions espérés) et l’essor du piratage. La nomination de Nicolas de Tavernost, le 23 avril, a permis de réchauffer les relations et d’enlever à la Ligue une énorme épine de son pied. L’ancien patron des Girondins de Bordeaux doit encore lui proposer des solutions pour qu’elle puisse remarcher.