Au bord du précipice financier, le football français espère recevoir des offres salvatrices pour la ré-attribution de l’essentiel des droits TV de Ligue 1… Mais face à un marché frileux et à la défiance de Canal+, la crise semble loin d’être refermée. Depuis 12h00 lundi, l’heure limite de dépôt des offres a été franchie et il est temps pour la Ligue de football professionnel (LFP) d’étudier les éventuelles propositions adressées par les opérateurs intéressés. Canal+? BeIN Sports? Amazon? Quels acteurs répondront à la consultation de marché lancée dans l’urgence pour réattribuer les matches délaissés par le diffuseur défaillant Mediapro (80% de la Ligue 1 et de la Ligue 2)? Dans la matinée en tout cas, seule une poignée de personnes sont apparues, sans s’exprimer, au siège parisien de la LFP, où les offres devaient être déposées en mains propres. Si les offres dépassent les prix de réserve fixés par la Ligue et que les candidats offrent suffisamment de garanties, les lots seront attribués et les heureux élus prendront le relais de Téléfoot, la chaîne de Mediapro, dès le 5 février. Dans le cas contraire, ou s’il n’y a pas de candidat sur certains lots, des discussions de gré à gré suivront ces prochains jours et l’inquiétude reprendra de plus belle pour les clubs, qui anticipent déjà des pertes d’1,3 milliard d’euros en fin de saison, entre pandémie et crise des droits TV… Malheureusement pour les dirigeants du foot français, les événements des derniers jours semblent faire pencher la balance du côté de cette 2de hypothèse, ou, au mieux, vers des offres très éloignées des 780 millions d’euros annuels initialement promis par le groupe Mediapro en 2018 pour la L1. Cerise sur le gâteau, la LFP et Canal+ sont en plein conflit juridique sur les modalités de l’appel d’offres. La chaîne cryptée, qui diffuse les 20% restants de la Ligue 1 pour 330 millions d’euros par an, estime avoir «surévalué» la valeur de ces matches dans le contexte de 2018 et souhaite que l’intégralité des rencontres soit remise en concurrence dans un appel d’offres global. Elle a porté un recours devant le tribunal de commerce de Paris en ce sens, avec une audience programmée le 19 février qui pourrait invalider la procédure a posteriori. Et l’Autorité de la concurrence a confirmé lundi avoir également été saisie par Canal+, sans plus de précisions, comme l’indiquait le quotidien «Le Figaro» ces derniers jours. Dans ce contexte, le groupe de Vivendi, dirigé par Vincent Bolloré, boycottera-t-il la consultation de marché? «Tout va se jouer cette semaine. L’idée n’est pas de donner le moins d’argent possible, mais de donner le juste prix. On est là en soutien mais aussi pour défendre notre position, pour justifier chaque dépense auprès de notre actionnaire», a expliqué sur Europe 1 Gérald-Brice Rivet, DG des antennes et des programmes de Canal+. En parallèle, la Ligue espère l’irruption d’un acteur nouveau. Amazon, le géant du web qui commence à investir dans les droits sportifs, est le plus cité, mais ses incursions ailleurs en Europe restent limitées et il n’a pas postulé sur l’appel d’offres de la Serie A cette semaine en Italie. Ailleurs sur le marché, c’est le calme plat. TF1 et M6 ont confirmé qu’ils n’avaient pas vocation à acquérir des matchs de L1, tandis que France Télévisions n’a fait aucun commentaire. Orange, un temps cité par certains médias, n’en sera pas non plus: «On est à l’écart de ce processus», a indiqué son PDG Stéphane Richard. Quant à la plateforme DAZN, le «Netflix» du sport, elle semble plus intéressée par la sécurisation de ses droits actuels en Italie… En cas de procédure infructueuse, la Ligue devra trancher: où verra-t-on la Ligue 1 à court terme, et notamment dimanche pour le Classique Marseille-PSG? Téléfoot, qui émettra au moins jusqu’au 3 février, est prête à prolonger l’aventure. Canal+ est aussi intéressée, comme plusieurs chaînes gratuites. Mais à quel prix?