En pleine grève à Hollywood, la star américaine Adam Driver s’offre un tour de piste à la Mostra de Venise

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En pleine grève à Hollywood, la star américaine Adam Driver s’offre jeudi un rare tour de piste à la Mostra de Venise, pour «Ferrari» de Michael Mann, tout en assurant soutenir le mouvement social. Le Kylo Ren de «Star Wars», qui a séduit ces dernières années Ridley Scott, Jim Jarmusch ou Leos Carax, est l’une des rares stars américaines à fouler cette année le tapis rouge. Ce mouvement historique, qui paralyse l’industrie américaine du cinéma et se ressent au-delà, interdit de faire la promotion des films, sauf dérogation pour certaines productions indépendantes, comme c’est le cas justement pour «Ferrari». Mais pas question pour Michael Mann, 80 ans, figure du cinéma américain («Heat», «Collateral»), ni pour Adam Driver, de passer pour des briseurs de grève. «Je suis ici en solidarité» avec les syndicats de scénaristes et d’acteurs, engagés dans une lutte pour obtenir une meilleure rémunération, notamment face aux plateformes, et encadrer l’usage de l’IA, a déclaré Adam Driver en conférence de presse. Il s’en est pris notamment à la position de Netflix et Amazon face au mouvement social. «Individuellement et collectivement, nous sommes totalement solidaires», a poursuivi Michael Mann. ««Ferrari» a pu se faire parce que les gens qui ont travaillé dessus ont renoncé à une part importante de leurs salaires, en ce qui concerne Adam et moi-même (…) Aucun grand studio ne nous a fait de chèque». Pour l’instant, aucune voix dissonante ne s’est élevée à Venise, le 1er festival frappé de plein fouet par la grève : le président du jury, Damien Chazelle, s’est montré le 1er jour du Festival avec un T-Shirt de soutien au mouvement et a dit espérer que «quelque chose de bon» puisse en sortir. Au-delà de ces prises de position, la course au Lion d’Or est entrée dans le vif du sujet jeudi. «Ferrari», présenté officiellement ce jour, est considéré comme un candidat sérieux. Driver y incarne Enzo Ferrari, le fondateur de la marque de bolides du même nom, surnommé «il Commendatore» («le Commandeur»). Michael Mann, qui avait déjà co-produit «Le Mans 66» sur la célèbre course automobile, a choisi de revenir sur une année clé, 1957, dans la vie tourmentée du couple formé par Enzo Ferrari et son épouse Laura, interprétée par Penelope Cruz. «Son histoire est profondément humaine» et a une dimension «universelle», a déclaré Adam Driver sur le Lido. «Tant de choses s’opposent en lui-même, sa vie est entrée en résonance avec moi». Le long-métrage, tourné en Italie en anglais, ne sortira pas en salles en France, mais directement sur la plateforme Amazon Prime Video en 2024. L’autre moment fort de la journée est le retour d’un grand brûlé du cinéma, le Français Luc Besson, 64 ans, avec «Dogman», lui aussi en compétition. Le réalisateur et producteur, auteur de succès populaires comme «Le Cinquième Élément», «Le Grand Bleu» ou «Lucy», qui rêvait d’un destin hollywoodien, a enchaîné les avanies. Les échecs commerciaux ont failli avoir la peau d’EuropaCorp, la société qu’il rêvait de voir concurrencer les grands studios américains. Sur le plan judiciaire, il a dû faire face en 2018 à des accusations de viol portées par l’actrice Sand van Roy, définitivement écartées par la Cour de cassation en juin. «Quelque chose dont je suis particulièrement fier aujourd’hui, c’est de ma liberté», a déclaré Luc Besson à propos de son activité de réalisateur. «Personne ne peut m’empêcher d’écrire (le film) que je souhaite», a-t-il ajouté. «Dogman», qui s’inscrit dans la veine noire du cinéaste comme «Subway», «Nikita» ou «Léon», raconte l’histoire d’un enfant meurtri qui trouve son salut dans l’amour des chiens. Dans le rôle principal, l’un des espoirs du cinéma indépendant américain, Caleb Landry Jones, vu dans «Get Out» et prix d’interprétation à Cannes en 2021 pour «Nitram», également présenté à Venise.