Entretien avec … Arnaud Annebicque, coordinateur de l’étude «L’impact médiatique de la coupe du monde de rugby» établie par Médiamétrie

    286

    Médiamétrie a présenté les résultats de son étude sur l’impact médiatique de la Coupe du monde de rugby auprès des Français. Arnaud Annebicque, coordinateur de l’étude, en explique, pour média+, les points forts.

    média + : Comment avez-vous réalisé cette étude sur l’impact médiatique de la Coupe du monde de rugby sur les Français ?

    Arnaud Annebicque : Nous avons voulu faire une étude qui permette d’illustrer la consommation pluri média du contenu Coupe du monde. Dans quelles mesures les Français ont consommé le contenu Coupe du monde, que se soient des matchs, des reportages, des informations sur les joueurs, les équipes, les scores… quelque soient les supports afin de voir comment ce contenu en tant que tel était consommé à travers les différents médias. Nous avons mis en place un dispositif en trois temps: avant, pendant et après. Nous avons fait une étude avant le début de la Coupe du monde pour voir quelles étaient les intentions de consommation de cet évènement. Pour cela, nous avons mené une étude spécifique par enquête téléphonique sur 1 075 individus de 13 ans et plus. Nous leur avons demandé s’ils allaient suivre cet événement et si oui, sur quels médias et en fonction des médias, pour quels types de contenus consommés. Pendant la compétition nous avons suivi sur la base des études de référence de Médiamétrie, à savoir le médiamat et la mesure de fréquentation des sites Internet CybereStat. Nous avons essayé de voir sur quelques matchs phares comment se comportait le public. Nous avons fait une étude après la Coupe du monde comparable à l’étude que l’on avait faite avant, sauf qu’au lieu de demander les intentions, nous leur avons demander ce qu’ils avaient effectivement fait pendant la compétition. L’intérêt était surtout d’avoir comparé le «avant» et le «après».

    média + : Quels sont les faits marquants que vous avez tirés de ces études ?

    Arnaud Annebicque : Il y a trois faits intéressants. Le premier est le succès global de la consommation de la Coupe du monde. Pour la consommation télévision, il y a eu des audiences record notamment avec le match France/Angleterre avec 18 millions de téléspectateurs. Nous sommes sur des niveaux de consommation qui sont proches du football. Dans le top 20 des meilleures audiences de tous les temps (depuis 1989) à la télévision, il y a 15 matchs de football et un match de rugby en 10ème position avec France/ Angleterre. Deuxième fait intéressant, c’est que l’on s’attendait à une consommation de la Coupe du monde assez forte puisque juste avant la compétition, 44,7% des Français (13 ans et +) déclaraient avoir l’intention de suivre la Coupe du monde. Finalement, ils ont été 60,4%. On a parlé d’un début de féminisation du rugby avant la Coupe du monde, après on s’aperçoit que cette féminisation se démontre. Sur les 44,7 % de Français qui déclaraient qu’ils allaient s’intéresser à l’événement, il y avait 31% de femmes. In fine, sur les 60,4% qui ont effectivement suivi la Coupe du monde, il y a 44% de femmes. Donc c’est un peu plus. Il faut cependant pondérer tout cela par les grands efforts de marketing et de communication qui ont été faits autour du rugby en mettent en avant ses valeurs. Le troisième fait intéressant concerne les lieux où les matchs de rugby ont été suivis. Avant la compétition, 24,7% des personnes interrogées déclaraient qu’elles allaient le suivre dans un café, restaurant, bar. Finalement, ils ont été 14%. Nous les avons interrogés sur leur intention de suivre au moins un match dans un lieu public: 16,5% déclaraient en avoir l’intention et finalement ils ont été 7,6%. Ils ont donc fortement consommé les matchs chez eux ou chez des amis. Il n’y a pas eu de raz de marée intégral de suivi des matchs dans les lieux publics.

    média + : Comment la coupe du monde de rugby a-t-elle été suivie à l’étranger ?

    Arnaud Annebicque : Il y a plusieurs phénomènes dont celui du décalage horaire. Si l’on prend le fuseau horaires de diffusion sur des matchs qui étaient diffusés en France, dès que l’on s’éloigne d’un côté ou de l’autre de l’hémisphère, on tombe sur des horaires qui ne sont pas de nature à faire venir un nombre de téléspectateurs identique à une diffusion en prime à 21h00. D’une manière générale, la Coupe du monde a été suivie dans les «pays de rugby» (Grande-Bretagne, Afrique du sud, Australie, …).

    média + : L’audience des matchs de rugby peuvent-ils atteindre celle des matchs de football ?

    Arnaud Annebicque : Je ne sais pas. Cependant, il y a une montée en puissance du rugby en tous cas en France. Le football reste le sport universel par excellence et reste loin devant dans l’absolu. Si on se limite à la France, le rugby est en phase de conquête et commence à très bien s’implanter. Maintenant, on n’en est pas encore au stade du rugby à la conquête du monde entier parce que le football a de l’avance.