Entretien avec Estelle BOUTIERE, Consultante NPA Conseil

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Dix ans après l’arrivée de «Loft Story» en France, la téléréalité est devenue un genre multiforme. Comment analysez-vous son évolution ?
Estelle BOUTIERE
A ce jour, la téléréalité est un genre multiforme qui répond à différentes stratégies éditoriales. Je distingue tout d’abord les émissions d’«Enfermement et le Dating». Ces formats ont intégré – à travers les années – l’humour, le décalage et une distanciation par rapport au programme en lui-même («Secret Story», «Qui veut épouser mon fils ?»…). Stratégiquement, les chaînes programment ces émissions en 2nd partie de soirée ou en Access Prime Time pour un «public cible» majoritairement jeune. Deuxième axe, les «Compétitions et les Concours de talents» avec des émissions qui misent sur l’authenticité, les compétences personnelles et le dépassement de soi («Top Chef», «Koh Lanta»…). A travers ces thématiques, les diffuseurs convoitent la famille avec une programmation en Prime Time.
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 Qu’en est-il de la «TV réalité solidaire» et du «coaching» ?
Estelle BOUTIERE
La «TV réalité solidaire et le coaching» appartiennent à une troisième catégorie de formats. Ce genre est aujourd’hui beaucoup plus immersif et intervient dorénavant dans l’intimité des individus («Tous Ensemble» sur TF1, «Un trésor dans votre maison» sur M6). Notons d’ailleurs que le docu-réalité d’immersion («Une semaine sans les femmes» sur France 2) émerge doucement en France et cible un public familial en Prime Time.
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 Peut-on parler d’un rejet de la réalité?
Estelle BOUTIERE
 «Carre Viiiiip» a eu du mal à s’imposer. Le principe du jeu a difficilement été intégré par le public. A l’inverse, lorsque le concept est clair, le succès est au rendez-vous comme avec par exemple «Qui veut épouser mon fils ?». Pour que la téléréalité fonctionne aujourd’hui, elle se doit d’être positive notamment par le biais de l’humour et doit valoriser les candidats.
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Comment la téléréalité a-t-elle imprégné l’ensemble des écritures audiovisuelles ?
Estelle BOUTIERE
 Après avoir été décriée à son lancement, la téléréalité s’est banalisée sur toutes les chaînes françaises. A titre d’exemple, elle a contribué à renouveler l’écriture des jeux TV par une starification des anonymes («Tout le monde veut prendre sa place», «Le plus grand quizz de France»…). Les magazines s’en sont inspirés pour un traitement «immersif» et «en observation» («Harry Roselmack en immersion»…).