Entretien avec … Jacques Peskine, Président de l’Union Syndicale de la Production Audiovisuelle (USPA)

    Mardi 25 novembre 2008, la chaîne M6 a signé un accord avec les principales organisations de producteurs et d’auteurs de programmes audiovisuels, qui définit ses obligations en matière de financement d’oeuvres françaises et européennes. L’occasion pour média+ de s’entretenir avec Jacques Peskine, Président de l’Union Syndicale de la Production Audiovisuelle (USPA).

    média+ : M6 était la dernière chaîne n’ayant pas conclu d’accords avec les organisations audiovisuelles. Pourquoi tant de retard ?

    Jacques Peskine : M6 était la chaîne la plus éloignée de notre ambition. De cette façon, il a été plus difficile de mettre en oeuvre ce qui avait été prévu par la loi de 2007. Notre ambition était de fixer des obligations aux éditeurs de chaînes de télévision en matière d’investissement dans les oeuvres patrimoniales, c’est-à-dire les programmes créés et réalisés en France ou en Europe. Le fait que TF1, France Télévisions et Canal+ aient signé cet accord à été une motivation pour M6. Nous sommes enfin dans un cadre contractuel et non complémentaire. La chaîne prévoit d’investir 9% de son chiffre d’affaires dans la production indépendante. Ce n’est jamais assez mais c’est un progrès, même si cet investissement est moins important que l’engagement de TF1 à 9,25%.

    média+ : Alors que le marché publicitaire est au ralenti, dans quel état d’esprit êtes-vous concernant l’avenir de la production audiovisuelle ?

    Jacques Peskine : Le marché publicitaire est mauvais pour le moment. Ce n’est que transitoire. La publicité n’est pas menacée et il n’y a pas de crainte à avoir concernant l’avenir de ce marché. TF1 et M6 seront et resteront les leaders du marché publicitaire. C’est une situation qui nous inquiète un peu.

    média+ : Qu’attendez-vous à présent des chaînes de la TNT qui contribuent peu à la création française ?

    Jacques Peskine : Les chaînes de la TNT sont soumises aux mêmes obligations que les chaînes historiques. Pour l’instant leur chiffre d’affaires reste faible, ils ne peuvent pas beaucoup investir dans la production. Cependant, la hausse progressive de leurs recettes produira des effets dans ce domaine. N’oublions pas qu’il y a aussi les chaînes du satellite qui jouent un rôle important.

    média+ : Que pensez-vous de la réforme du service public ?

    Jacques Peskine : Sur le cas de la télévision publique nous sommes inquiets des conséquences concrètes de la réforme. Les inquiétudes portent majoritairement plus sur la mise en oeuvre que sur les principes.

    média+ : Quand Jean-François Copé déclare que la redevance n’augmentera pas, comment réagissez-vous ?

    Jacques Peskine : Je pense qu’il a absolument tort. Pour augmenter la redevance il faut expliquer aux Français ce qu’ils auront en échange. Il faut sans doute permettre au service public de distribuer des images sous d’autres formes, notamment à la demande. Nous ne désespérons pas de faire changer d’avis un certain nombre de députés sur ce point.