Entretien avec Louis DREYFUS, Président du groupe Le Monde

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Le Web serait-il devenu le fer de lance du groupe Le Monde ?

Louis DREYFUS

Depuis plus de 10 ans, Le Monde a fait le pari d’une stratégie «Freemium» sur les supports numériques. Pour une grande partie de nos lecteurs, le Web est au centre de leur consommation numérique. Dès lors, avec Nathalie Nougayrède (Directrice du Monde), nous avons décidé d’accélérer la contribution des équipes à ce média avec un travail d’enrichissement sur la partie gratuite et payante sur Internet. La zone réservée aux abonnés devient ainsi plus innovante en terme d’usage avec des contenus exclusifs, l’accès à 70 ans d’archives (1944-2013) et à des formats visibles nul par ailleurs. Aujourd’hui, nous possédons plus de 110.000 abonnés numériques dont la moitié sont uniquement inscrits sur la version digitale du «Monde». Notre objectif ? Tripler ce nombre de lecteurs dans les deux ans à venir. Pour cela, nous investirons sur les contenus et les nouvelles technologies.

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L’activité numérique du Monde est-elle aujourd’hui rentable ?

Louis DREYFUS

L’activité numérique pour le journal est très rentable. Elle est bénéficiaire d’une marge de l’ordre de 30%. Elle nous permet à la fois de trouver de nouveaux lecteurs et de financer les développements du papier. A titre d’exemple, la rentabilité numérique du Web nous permet de lancer dans un mois, un cahier économique quotidien créé par une rédaction étoffée. Cette réussite sur Internet nous permet ainsi de défendre la valeur ajoutée du «Monde». La partie gratuite sur le site (lemonde.fr) est aujourd’hui en croissance de l’ordre de 10% en termes de revenus, année après année. Elle correspond à 70% de nos revenus numériques.

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Avec ce fort développement sur le Web, ne craignez-vous pas de cannibaliser la vente papier du journal ?

Louis DREYFUS

Absolument pas ! «Le Monde» est une marque à part entière, aussi bien sur le papier que sur le numérique. Et ce qui fera progresser les ventes sur le papier, c’est la qualité de nos contenus. Concernant la partie numérique, elle repose sur une autre temporalité, un autre usage et généralement un autre public. C’est sur ce public que nous investissons aujourd’hui. Rappelons enfin que «Le Monde» est la marque de presse écrite d’actualité la plus digitalisée avec 65% de sa fréquentation assurée par les différents terminaux.

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Comment imaginez-vous le groupe d’ici 5 ans ?

Louis DREYFUS

Dans les 5 prochaines années, nous devrons avoir réussi à investir dans le numérique mais aussi à internationale. Aujourd’hui, «Le Monde» est le journal de référence en France et il doit l’être plus largement dans la francophonie. Nous avons toutes les raisons d’être optimiste à partir du moment où nous avons des actionnaires prêts à investir avec nous.