Entretien avec … Michel Boyon, Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)

    Aujourd’hui jeudi 20 novembre, à l’occasion de la journée d’anniversaire de la signature de la convention internationale des droits de l’enfant, toutes les chaînes de télévision vont diffuser la nouvelle campagne de sensibilisation à la protection du jeune public produite par le CSA. média+ s’est donc entretenu avec Michel Boyon, Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel.

    média+ : Trouvez-vous qu’il y a trop de violence à la télévision ?

    Michel Boyon : Je crois que beaucoup de personnes partagent ce constat. Les émissions ou les programmes comportant des scènes de violence ont augmenté en quantité sur les antennes de la télévision française. C’est une situation qui est déplorée par énormément de parents, d’experts et par tous les responsables d’enfants dans un cadre familial ou administratif. Il y a aujourd’hui une véritable prise de conscience de ce problème. Il faut ralentir tout ça, le danger est trop grand. Selon les chiffres exposés par Agnès Vincent-Deray [NDLR : Présidente du groupe de travail Protection du jeune public], en 2007, 345 programmes comportant une signalétique «moins de 10 ans» ont été diffusés sur France 2 et 796 sur TF1. Pour TMC, NT1 et NRJ 12, elles ont augmenté dans des proportions considérables.

    média+ : Quel est le caractère original de cette nouvelle campagne 2008 ?

    Michel Boyon : Nous avons décidé de produire un nouveau spot en présentant la nécessité du contrôle parental comme une évidence. Le projet proposé par la société Julianne films a été retenu par le Conseil en raison de la clarté et du caractère instructeur du message délivré qui en appelle à la responsabilité parentale. La campagne 2008 se présente donc sous la forme de deux spots différents de 45 » chacun filmés en Haute Définition et dont le message est «A la télévision aussi, des signaux sont là pour nous aider à protéger nos enfants. Respectons-les». Toutes les chaînes de télévision diffuseront ces spots à des heures de grandes écoutes.

    média+ : Quel est le sentiment que vous portez sur la chaîne Baby First ?

    Michel Boyon : Le Conseil s’est exprimé très clairement sur le sujet après avoir consulté des experts français contactés par le Ministère de la Santé. Mettre un enfant de moins de 3 ans devant un téléviseur de manière trop systématique comporte un réel danger. Le CSA est dans une position difficile par rapport aux deux chaînes existantes qui émettent depuis le territoire britannique. La législation européenne précise que c’est aux Anglais de s’en occuper. Dès lors, nous nous sommes rapprochés du CSA britannique pour évoquer le problème. Nous avons rencontré les dirigeants des chaînes Baby First ainsi que les représentants de l’OFCOM [NDLR : Office fédéral de la communication] venus spécialement à Paris. Au final, une étude spécifique a été mise en place sur les conséquences potentielles de la télévision sur les enfants de moins de 3 ans.

    média+ : N’avez vous pas prévu de signalétiques pour les JT ?

    Michel Boyon : Nous ne pouvons pas surcharger les écrans de signalétiques. Le CSA privilégie l’avertissement oral par l’intermédiaire du présentateur qui doit clairement prévenir le public avant de diffuser des images difficilement soutenables ou des témoignages trop crus. La banalisation de la signalisation ferait disparaître sa portée préventive. Les signaux ne pourraient pas jouer un rôle efficace sur des reportages de quelques minutes comme ceux diffusés durant les JT.