Entretien avec Rachid ARHAB, Membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel

    La CFTC et la Société des Journalistes ont estimé que les sanctions imposées par le CSA à TF1 et Canal+ pour des manquements à la rigueur de l’information, constituaient une atteinte grave à la liberté de la presse. A cette occasion, média+ s’est entretenu avec Rachid Arhab, Membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.

    media+
    Imposer la lecture d’un communiqué, sans pouvoir le commenter, aux chaînes lorsqu’une erreur a été commise, n’est-ce pas une atteinte à la liberté de la presse ?
    Rachid ARHAB
    La lecture des communiqués est comprise dans la gamme de sanctions prévues dans la loi de l’audiovisuelle et dans la convention qui unit le CSA notamment à TF1. La liberté de la presse ne donne pas le droit de dire n’importe quoi. Quand l’information est fausse, la moindre des choses est de la rectifier. Si ce n’est pas le cas, les chaînes prennent le risque d’être corrigées par l’autorité administrative indépendante qui s’occupe de l’audiovisuel.

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    La CFTC a déclaré que «les rédactions concernées avaient d’elles même rectifié les erreurs auprès de leurs téléspectateurs et avaient présenté des excuses». Cela ne suffisait-il pas ?
    Rachid ARHAB
    Concernant TF1, cela est faux ! La chaîne n’avait pas rectifié ses erreurs.

    media+
    Lire des communiqués plusieurs mois après les faits, est-ce réellement efficace ?
    Rachid ARHAB
    Le CSA a pris le temps d’étudier les affaires avec rigueur. Ce sont des procédures contradictoires qui nécessitent un certain nombre d’auditions, de réflexions et d’échanges entre les chaînes et le Conseil. Cela prend du temps.

    media+
    Le CSA n’a-t-il pas abusé de son pouvoir de sanction ?
    Rachid ARHAB
    Les chaînes n’auraient pas reconnu leurs erreurs si nous n’avions pas usé de notre pouvoir de sanction. En 2008, j’ai du gérer 35 affaires de déontologie et près du double en 2009 avec 76 affaires. Près de la moitié de ces affaires n’ont pas donné lieu à une intervention officielle du Conseil. En l’occurrence, nous avons constaté une accélération impressionnante de la non vérification des images provenant de sites de partage qui sont ensuite diffusées sur les chaînes. Le Conseil propose donc une concertation sur la vérification de l’information.