Entretien avec Sarah SEPULCHRE, Docteure en Science sociale et Membre de l’Observatoire du Récit Médiatique

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Quels sont les préjugés autour des séries télévisées ?
Sarah SEPULCHRE
Pour les acteurs du milieu académique, les séries télévisées ne représentent strictement aucun intérêt culturel. D’autres protagonistes pensent encore que ces fictions ne présentent que des personnages stéréotypés. Mais heureusement, ces dernières années, le regard du public sur les séries télévisées a profondément changé. Les médias en parlent davantage et les abordent différemment.
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Quels sont les faits marquants de l’histoire des séries télévisées ?
Sarah SEPULCHRE
Entre 1960 et 1970, il y a eu de véritables avancées au niveau de «la représentation du monde» au sein des séries. Pour la première fois, les scénarios abordaient l’égalité entre les Noirs et les Blancs, voire la place des femmes avec des séries d’action telles que «Drôles de dames».… Dans les années 1990, avec «X-Files», «Friends» ou encore «Urgences», les séries commencent à fortement être plébiscitées. A cette époque, la multiplication des chaînes (aux Etats-Unis notamment) entraîne l’éparpillement des audiences. Dès lors, les chaînes câblées ne proposent que des séries ciblées par genre, par centre d’intérêt ou par catégorie de public. C’est en s’éloignant des «masses» que les séries parviennent à obtenir la reconnaissance des critiques.
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Dans votre ouvrage, une enquête est menée sur le rapport qui existe entre le public français et les séries policières américaines. Qu’en est-il ?
Sarah SEPULCHRE
Les séries policières américaines sont considérées à la fois comme des objets de divertissement et de pédagogie par le public. Les consommateurs réguliers de fictions telles que les «Experts» ou «NCIS», apprécient les personnages, tandis que les téléspectateurs occasionnels s’intéressent davantage à l’histoire développée dans chaque épisode.
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Quels sont les principaux critères de programmation des séries TV US ?
Sarah SEPULCHRE
Il ne suffit pas d’avoir les meilleures séries pour connaître le succès. Il faut les programmer au bon moment, en fonction du public. Une des clés du succès des séries américaines est leur grande proximité avec leurs téléspectateurs : les séries étant généralement produites en flux tendu, les scénaristes peuvent coller de très près à l’actualité. La 1ère forme de fidélisation provient aussi de la diffusion semaine après semaine de la série. En Europe, nous diffusons les fictions par bloc d’épisodes, plusieurs mois après leur diffusion US. Au final, le rythme de diffusion n’est que très peu fédérateur.