Europe 1, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a changé de ligne éditoriale parce que les Français eux-mêmes «dévient» dans leurs opinions, a estimé l’un des dirigeants de sa maison mère, Arnaud Lagardère, mardi.
M. Lagardère était interpellé, lors de l’assemblée générale de Louis Hachette Group, par un actionnaire individuel qui disait à propos de cette radio: «il y a toujours un point de vue qui finit par écraser tous les autres» et «j’ai peur que cette radio devienne, petit à petit, (…) je dirais militante et communautaire».
«Sur la ligne éditoriale, je voudrais juste vous rassurer. (…) La ligne éditoriale d’Europe 1, elle est extrêmement simple, c’est de donner la parole aux Français», a répondu M. Lagardère, vice-président de Louis Hachette Group.
«Ne croyez pas qu’il y ait une volonté particulière, idéologique, comme vous pouvez l’entendre sur certains médias, derrière cette ligne éditoriale. C’est juste donner la parole aux Français. C’est les Français qui décident», a-t-il poursuivi.
«Et si vous avez le sentiment que cette ligne dévie, c’est parce que les Français, et ce n’est pas péjoratif forcément, dévient un peu, peut-être, dans leurs opinions économiques, sociales et voire même politiques. Donc on ne fait qu’épouser l’air du temps, le sentiment des personnes, leurs préoccupations, leurs questions, leurs réponses», a-t-il conclu. «Je pense que c’est ça qui explique le succès d’Europe 1».
Lors de cette même assemblée générale, un autre actionnaire a interpellé la direction sur les appels d’organisations de gauche à boycotter les maisons d’édition de Hachette Livre parce qu’il est contrôlé par Vincent Bolloré, et particulièrement Fayard, qui accueille des auteurs très à droite.
Le Président Directeur Général Jean-Christophe Thiery a répondu que ces appels ne se justifiaient pas au vu de la diversité éditoriale chez Hachette Livre. «Vraiment, notre ligne est très simple: nous sommes les garants de la liberté d’expression. C’est l’alpha et l’oméga de notre politique. Tout le monde peut s’exprimer, peut écrire des livres chez nous», a-t-il dit.
«Quand on est homme politique ou femme politique, qu’on s’appelle Ségolène Royal, Édouard Philippe, Clément Beaune, Jordan Bardella, François Hollande, Nicolas Sarkozy, Barack Obama, Boris Johnson, Volodymyr Zelensky… on peut écrire dans notre groupe, et c’est merveilleux ainsi. Ça doit rester comme ça», a avancé M. Thiery.