Eutelsat demande à ses partenaires de cesser la diffusion de la chaîne d’information iranienne anglophone Press TV

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L’opérateur européen de satellites Eutelsat a confirmé mercredi avoir demandé à ses partenaires, diffuseurs et distributeurs, de cesser la diffusion de la chaîne d’information iranienne anglophone Press TV à la suite de «sanctions» de l’Union européenne. La chaîne iranienne avait annoncé dans un tweet dans la matinée qu’Eutelsat avait «débranché Press TV après de nouvelles sanctions de l’UE».

L’Union européenne avait sanctionné en novembre dernier 29 responsables iraniens, dont le ministre de l’Intérieur, et la chaîne publique Press TV, accusée d’avoir diffusé «les aveux forcés» de détenus après la répression des manifestations engendrées par la mort de Mahsa Amini.

«Eutelsat a évalué les conséquences de l’adoption par l’Union européenne le 14 novembre 2022, de sanctions supplémentaires contre les auteurs de graves violations des droits de l’homme en Iran», a indiqué Eutelsat dans un communiqué.

«Conformément à sa politique de mise en oeuvre systématique des décisions d’interdiction prononcées par des régulateurs et des instances compétentes, Eutelsat a pris l’attache de ses contreparties diffusant PressTV, afin de faire appliquer la cessation de diffusion dans les plus brefs délais», a ajouté l’opérateur européen de satellites. «Cette mesure prise par Eutelsat oblige les contreparties, y compris celles qui se trouvent sur le territoire iranien», a-t-il encore ajouté.Concrètement, Eutelsat a demandé aux diffuseurs et distributeurs qui proposent cette chaîne d’interrompre sa retransmission. Ses partenaires doivent ensuite appliquer cette requête.

L’Iran est secoué par une vague de protestation depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, après son arrestation par la police des moeurs pour une infraction présumée au code vestimentaire du pays obligeant les femmes à porter le voile.

Depuis le début du mouvement, les autorités accusent les «ennemis» de l’Iran, notamment les États-Unis, de chercher à déstabiliser le pays. Lundi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a accusé Washington de pousser l’Iran vers la sortie «avec l’aide de certains pays européens», une démarche «illégale» et «à but politique».

En novembre, l’UE a également sanctionné les quatre membres de l’équipe qui ont arrêté Masha Amini et le chef de la cyberpolice iranienne, Vahid Mohammad Naser Majid, pour «sa responsabilité dans l’arrestation arbitraire de personnes pour avoir exprimé en ligne des critiques à l’encontre du régime iranien».

Les sanctions européennes visent en outre le général de brigade Kiyumars Heidari, commandant de la Forces terrestres de l’armée iranienne, et les chefs provinciaux des Forces iraniennes chargées de l’application de la loi (LEF) et du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC). L’UE avait aussi gelé en octobre dernier les avoirs et interdit de visas les responsables de la police de la «moralité», des gardiens de la révolution et le ministre iranien des Technologies de l’information.