Acteur et réalisateur, Pierre Richard, auquel le Festival de Cannes rendait hommage jeudi, a tourné dans des dizaines de films, connaissant ses plus grands succès publics dans des comédies où il interprète des personnages burlesques, rêveurs et gaffeurs. Voici cinq films à retenir du «Grand blond»:
– «Alexandre le bienheureux» (1968): Le film de ses débuts au cinéma et petit rôle au côté de Philippe Noiret, dans une fable sur le pouvoir de dire non avec un agriculteur flemmard pour qui le bonheur n’est pas dans le pré. Sur une musique primesautière signée Vladimir Cosma, Pierre Richard y est Colibert, personnage déjà lunaire qui effectue notamment un grand écart improvisé. Il est dirigé par Yves Robert, qu’il retrouvera trois fois et qui lui lance: «t’es pas un acteur, t’es un personnage». Grand succès public, avec plus de deux millions d’entrées.
– «Le Grand Blond avec une chaussure noire» (1972) : Dans ce nouveau film d’Yves Robert, il est pour la 1ère fois François Perrin (il sera parfois aussi François Pignon). Ce Perrin est un violoniste un peu bizarre et maladroit choisi dans le cadre d’un règlement de comptes entre agents secrets car, justement, il est étourdi et porte une chaussure noire à un pied et une marron à l’autre… Ce très gros succès fait de lui une vedette comique et il gagne son surnom du «Grand blond». Deux ans plus tard, est tournée la suite, «Le Retour du Grand Blond». Tom Hanks jouera dans un remake américain, «L’Homme à la chaussure rouge», en 1985.
– «Le Jouet» (1976) : Le 1er film réalisé par Francis Veber – co-scénariste du «Grand Blond» – est également considéré comme l’un des meilleurs de Pierre Richard, qui le compte parmi ses préférés. «C’est un film de gauche, a-t-il dit, qui dénonce la lâcheté des journalistes, l’oppression d’un puissant homme de presse, inspiré de Marcel Dassault… Or Veber est tout sauf un homme de gauche». Pierre Richard est toujours François Perrin, cette fois un journaliste au chômage qui parvient à retrouver du travail dans «France Hebdo», dirigé par le redoutable et richissime Pierre Rambal-Cochet (Michel Bouquet). Dans cette satire, Perrin accepte, de peur de se retrouver de nouveau au chômage, de devenir, au sens propre, le jouet du fils du PDG, délaissé par son père. Un tournage difficile pour le comédien qui se reconnaît dans cet enfant en manque d’affection paternelle.
– «La Chèvre» (1981) : Pierre Richard entame une collaboration fructueuse avec Francis Veber. Ce dernier le campe, à nouveau, en François Perrin, un comptable malchanceux qui fait équipe avec un détective privé (Gérard Depardieu) pour retrouver la fille d’un PDG enlevée au Mexique. Le film fait un immense carton à sa sortie, avec plus de 7 millions d’entrées en France, et s’installe à la 1ère place du box-office, devançant «Les Aventuriers de l’Arche perdue» de Steven Spielberg, avec Harrison Ford. Il totalise même 35 millions d’entrées 2 ans plus tard en Union Soviétique! Le tandem comique enchaînera derrière la caméra de Veber dans 2 autres très gros succès publics, «Les Compères» (1983) et «Les Fugitifs» (1986).
– «Les Mille et une recettes du cuisinier amoureux» (1996) : Dans les années 1990, Pierre Richard diversifie son registre et s’éloigne du burlesque et des rôles de pitre qui l’ont fait aimer du grand public. Comme dans ce film franco-géorgien de Nana Djordjadze, qui concourt à l’Oscar du meilleur film étranger. Un rôle décalé de chef cuisinier au service du président géorgien en 1920 et au destin tragique, à la recherche perpétuelle des saveurs des pays qu’il traverse. Le succès n’est cette fois pas au rendez-vous. Alors que le film est à l’affiche, «des gens dans la rue me demandaient «Quand est-ce qu’on vous retrouve au cinéma ?». Ça ne les intéressait pas de me voir là-dedans. J’étais prisonnier de mon personnage» de François Perrin/Pignon «et j’en ai souffert», confiera Pierre Richard.