Foot: le piratage, un fléau européen

A l’instar de la France, les autres grands championnats européens sont également touchés de plein fouet par le piratage mais déploient des moyens beaucoup plus conséquents pour tenter de combattre ce fléau.

– Angleterre : à la pointe de la lutte La Premier League a constitué une équipe spéciale anti-piratage avec des enquêteurs, des juristes et des experts informatiques dans ses bureaux de Londres et Singapour (ouvert en 2019). Elle a mis en place des outils de pointe pour détecter les flux illégaux pendant les matches, travaille avec les fournisseurs internet, réseaux sociaux, moteurs de recherche et sites de paiement pour attraper les fraudeurs, lance des actions judiciaires et fait de la prévention sur les risques encourus pour les internautes. Au cours de la saison 2023-2024, plus de 300.000 flux en direct ont été supprimés ou bloqués depuis les plateformes de réseaux sociaux, et 350.000 liens ont été supprimés de Google et Bing. Depuis mars 2017, la Premier League utilise aussi des ordonnances de blocage (Blocking Orders) obtenues auprès de la Haute Cour du Royaume-Uni, exigeant que les fournisseurs de services internet bloquent l’accès aux flux illégaux en temps réel, pendant les matches. Pendant la saison 2023-2024, cela a permis de bloquer ou faire enlever plus de 600.000 flux en direct illégaux. La Premier League se démène pour traduire en justice ceux qui proposent les sites illégaux, et ceux qui les utilisent. Le procès le plus large et le plus connu a été le «Flawless case» en 2023: cinq individus, à l’origine de trois organisations illégales de streaming, ont écopé de peines de prison atteignant 30 ans et sept mois en cumulé.

– Espagne: une lutte érigée en priorité La Liga affirme lutter contre le piratage audiovisuel, sa grande priorité, depuis 2013. L’instance investit chaque année plus de 3 millions d’euros pour financer cet effort, avec notamment un service anti-fraude dédié qui emploie plus de 50 personnes dans le monde. L’objectif annoncé cette année par Javier Tebas est de réduire de 70% la fraude audiovisuelle. La ligue dit avoir détecté environ 300 réseaux de diffusion illégale en continu opérant dans le monde entier. En Espagne, l’accès moyen par utilisateur à des contenus sportifs piratés par mois reste supérieur de 25 % à la moyenne de l’UE.

– Italie: une loi efficace

En Italie on estime à 300 millions d’euros le c.a. perdu pour le secteur. «Depuis 5 ans, des actions judiciaires ont été entreprises avec des recours provisionnels et des ordres de blocage émis par les tribunaux, explique Luigi De Siervo, DG de la Lega Serie A. Parallèlement, nous avons mené une importante action de lobbying auprès du gouvernement, des médias et des télécommunications pour faire adopter à l’unanimité la loi la plus efficace contre le piratage». Selon le dirigeant, la Lega Serie A a créé la plateforme Piracy Shield, gérée par l’Agcom (l’instance de gestion des télécoms, NDLR), opérationnelle à partir de février 2024. Tous les détenteurs de droits, une fois les preuves d’une infraction obtenues, les inscrivent et les valident immédiatement sur cette plateforme, après quoi l’autorité ordonne aux FAI de bloquer les adresses identifiées dans les 30’. «Cela prend en moyenne 3’ pour bloquer les signaux», explique Luigi De Siervo, qui ajoute qu’après avoir ciblé ceux qui «organisent l’activité illicite, l’action des forces de l’ordre s’est étendue aux utilisateurs avec de lourdes amendes allant jusqu’à 5.000 euros».

Allemagne: 1,8 milliards d’euros de dommages

«Une étude menée en 2023 par la VAUNET, l’Association allemande des médias privés, a révélé qu’il y a en Allemagne près de six millions d’utilisateurs réguliers de flux TV en direct illégaux, ajoute le responsable. La DFL enregistre jusqu’à 10.000 téléchargements illégaux de flux en direct pour chaque journée de Bundesliga, et supprime environ en moyenne 5.000 entrées de recherche pour du contenu illégal sur internet par semaine.

Nous supprimons également chaque semaine 1.000 vidéos à la demande illégales avec les moments forts et les résumés.»