France 2/ «l’Emission politique» : Marine Le Pen sur le gril à l’approche des Européennes

Marine Le Pen, qui se pose en principale opposante à Emmanuel Macron à l’approche des élections européennes, aborde jeudi le 1er grand test de sa campagne dans «l’Emission politique», où elle débattra notamment avec la ministre Nathalie Loiseau, pressentie pour conduire la liste LREM. L’émission de France 2 sera l’occasion pour la cheffe du Rassemblement national, dont la liste est donnée au coude-à-coude avec celle de La République en Marche pour le scrutin du 26 mai, de faire souffler le vent qui la porte dans l’opinion et de faire oublier son débat «raté» de la présidentielle. Le face-à-face télévisé, qui n’occupera qu’une partie de l’émission, aura aussi «valeur de test» pour Nathalie Loiseau, selon un responsable de la majorité, pour savoir si la ministre chargée des Affaires européennes est en capacité de conduire la liste de LREM, un choix toujours entouré de suspense. Malgré leurs divergences, les deux femmes assument de concert ce duel, qui s’inscrit dans le clivage défendu par Emmanuel Macron entre «progressistes» et «nationalistes», et fait écho à celui de Marine Le Pen entre «mondialistes» et «nationaux».En étant invitée à échanger avec Mme Loiseau, Marine Le Pen «a déjà gagné» son statut de première opposante au chef de l’Etat, quelle que soit l’issue du débat, estime le sociologue Sylvain Crépon. Début janvier, le RN avait détrôné La France Insoumise dans ce rôle, selon l’Ifop. Marine Le Pen débattra aussi avec l’essayiste Jacques Attali et l’ancien président italien du conseil Matteo Renzi, en duplex depuis Londres. Sa formation de centre gauche, le Parti démocrate, a été battue en 2018 par la Ligue de Matteo Salvini, grand allié du RN, et le Mouvement cinq étoiles.  Même si la présidente du RN voudrait que le scrutin européen soit «comme une réplique» de la présidentielle, elle devra éviter les écueils qui l’avaient «noyée» face au candidat Macron lors de son calamiteux débat de l’entre deux tours en 2017. Elle avait alors assumé une «erreur stratégique», tandis que des notes et courriels du FN avaient pointé son manque de préparation  Les questions européennes lui permettent «de fuir le débat technique dans lequel elle s’était faite enfermer» le 3 mai 2017 et de «faire valoir sa petite musique protestataire» contre l’UE, avance M. Crépon. Le RN a tiré les leçons d’une opinion rétive à sortir de l’euro. La monnaie unique «est un boulet» mais l’abandonner «n’est plus une priorité», selon Marine Le Pen, qui veut désormais changer l’Europe de l’intérieur, pour former une «union des nations», aidée par l’accession au pouvoir de partis nationalistes alliés, comme la Ligue en Italie ou le FPÖ en Autriche. La patronne du RN a aussi repris des couleurs depuis son échec à la présidentielle, qui avait provoqué les départs de sa populaire nièce Marion Maréchal et de son bras droit Florian Philippot, et déçu les militants. Son parti a retrouvé dans les intentions de vote, qui oscillent entre 20 et 24% des voix, son niveau de premier tour à la présidentielle (21,3%). Son image auprès des Français, fortement dégradée début 2018, s’est améliorée, même si elle n’a pas retrouvé les niveaux de début 2017, selon un sondage annuel Kantar Sofres-onepoint pour «Le Monde» et France Info paru mardi. Davantage de Français (47%, +7 points) estiment que le RN pourra accéder un jour au pouvoir en France. Marine Le Pen semble en outre être la seule à récolter les fruits électoraux du mouvement des «gilets jaunes», bien que ces derniers n’adhèrent pas autant que ses électeurs à ses thèmes fétiches comme la lutte contre l’immigration, selon la même étude. Le politologue Jean-Yves Camus pointe toutefois le risque jeudi d’un «dialogue de sourds» entre les deux femmes, pro- et anti-Europe, qui s’écharpent régulièrement sur Twitter.