France 4 : le gouvernement supprime une chaîne jeunesse qui commençait à trouver son identité

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En annonçant la fin de France 4 sur la TNT, le gouvernement supprime une chaîne jeunesse qui commençait à trouver son identité et dont la place pourrait revenir à franceinfo, lui permettant de se positionner juste devant… BFMTV. Avant de devenir la chaîne jeunesse de France Télévisions, France 4 a louvoyé. A son lancement en 2005, elle devait remplacer la chaîne Festival, en se consacrant au spectacle vivant et à la fiction indépendante. A partir de 2009, France 4 était devenue la «chaîne de la jeunesse et de la famille», avec pour mission de «renforcer le lien entre ces générations». La chaîne a alors développé son offre pour enfants et adolescents autour des marques Zouzous et Ludo, en continuant à diffuser du sport (le rallye Dakar, les JO) et tester en soirée des programmes comme «Touche pas à mon poste», l’émission de Cyril Hanouna vite partie pour D8 (devenue C8). «France 4 va quitter la TNT au moment même où elle avait trouvé son identité», analyse Philippe Bailly du cabinet NPA Conseil. «Dernièrement, on comprenait mieux le positionnement de la chaîne: jeunesse en journée, et plus familiale en soirée». La chaîne continuait cependant de plafonner aux alentours de 2% d’audience mensuelle depuis sa création (1,7% le mois dernier), loin derrière France 2 (13,7%) mais aussi derrière France 5 (3,6%). Ainsi, 13 ans après sa création, la chaîne a été choisie par la ministre de la Culture Françoise Nyssen pour être la 1ère victime de la réforme de l’audiovisuel public, alors que France Ô était également en sursis. Cette suppression qui ne permet que de maigres économies (estimées à 10 millions d’euros de frais de diffusion) est surtout «symbolique», selon Philippe Bailly. France Télévisions migre sur les plateformes qui ont déjà les préférences des jeunes, comme l’a fait la BBC en supprimant sa chaîne jeunesse BBC 3. En signant la mort de France 4 sur le canal 14, France TV donne aussi de l’espoir à sa petite dernière, la chaîne franceinfo. Lancée fin 2016 tout au bout de la TNT, sur le canal 27, la chaîne plafonne depuis son lancement à 0,4% d’audience moyenne. «Sa place sur la TNT est un réel handicap», reconnaissait lundi matin la ministre de la Culture elle-même dans «Le Monde». En remplaçant France 4 sur le canal 14, la chaîne d’info se retrouverait juste devant BFMTV, la leader du secteur. Le fondateur de BFMTV dénonce d’ores et déjà un «bidouillage» à venir de la loi sur l’audiovisuel. «C’est indigne, le gouvernement veut changer les règles pour toucher BFMTV, qui marche bien», a déclaré Alain Weill, devenu depuis le patron d’Altice France, la maison-mère de BFMTV. Quand le canal 14 sera vacant, l’Etat pourra préempter une fréquence auprès du CSA pour faire passer franceinfo en haute définition. Le CSA pourrait ensuite décider, de façon inédite, de réattribuer ce numéro 14 à franceinfo, alors que les numéros de chaîne avaient été attribués sur tirage au sort. Le groupe Altice milite plutôt pour un glissement de toutes les chaînes d’un chiffre à partir du créneau laissé vacant. La suppression annoncée de France 4 inquiète également les fournisseurs privilégiés de la chaîne: l’industrie française des programmes d’animation, qui va se trouver «complètement fragilisée», selon le Syndicat des Producteurs de Films d’Animation (SPFA). «Les enfants seront sur le numérique beaucoup plus exposés à un univers dérégulé, composés d’un nombre incontrôlable d’offres dangereuses», poursuit le SPFA. 76% des Français seraient contre la suppression de France 4 pour cette raison, selon un sondage réalisé pour le syndicat par l’institut OpinionWay. France TV avait précisé cependant que les commandes d’animation ne bougeraient pas, et que les 40 millions d’euros que coûte la grille de France 4 seraient réinvestis intégralement dans les programmes.