«Les Demoiselles de Rochefort» ou «La La Land» version banlieue ? C’est le pari relevé avec panache par la comédie musicale «ReuSSS» (soeurs en verlan), la nouvelle série de France TV Slash, la plateforme du service public dédiée aux jeunes.
Lancée ce jeudi 8 décembre à 18h00, cette série en dix épisodes d’une vingtaine de minutes suit l’été mouvementé d’Hanane, jeune bachelière déterminée à retrouver l’agresseur de son frère, dans le coma, aidée de ses deux meilleures amies Ambre et Maïssa, dans le quartier de l’Ile de Thau, au nord de Sète (Hérault).
Déjà aux prises avec leurs envies d’avenir, leurs histoires d’amour toxiques ou leurs difficultés familiales, les trois «reusss» plongent dans le monde dangereux des traficants de drogue… tout en dansant et en chantant. Une prouesse qui a valu à ses interprètes, Inès Ouchaaou, Charlie Loiselier et Assa Sylla, de remporter collectivement le prix d’interprétation au festival Séries Mania 2022.
A l’origine du projet: le directeur de la fiction numérique de France Télé, Sened Dhab, qui avait déclaré «rechercher une comédie musicale» pour remplir la grille de Slash («Parlement, «Skam», «Chair tendre»), lancée en 2018, explique la productrice Elizabeth Arnac. «Cela m’a interpellée», ajoute celle qui fut attirée par une forme «d’expression audiovisuelle particulièrement complexe» et rare en France, évoquant les «souvenirs enchanteurs» associés au «Magicien d’Oz» ou «West Side Story».
La productrice entreprend alors d’adapter une pièce qui l’a «beaucoup touchée» sur l’homophobie dans les quartiers, «Place des mythos», écrite par Catherine Regula et interprétée en 2007 à la Villette par des jeunes de Ris-Orangis (Essonne). Avec l’objectif de représenter la banlieue autrement que par le prisme traditionnel de la violence, avec «un point de vue féminin», sans pour autant en livrer une «vision angélique». Par souci d’authenticité, elle associe de jeunes auteurs à des scénaristes plus expérimentés, et confie la musique – hip hop et ne lésinant pas sur l’autotune -, au compositeur Proof, collaborateur de rappeurs comme Médine ou Diam’s.
«Ultime difficulté» rencontrée par l’équipe, «les moyens très limités» de Slash en dépit de ses ambitions «très novatrices», résume Elizabeth Arnac, qui a dû se contenter de deux chansons par épisode. Si elle n’a pas à rougir du résultat, reste à voir si les jeunes adhéreront au genre de la comédie musicale, qu’elle sait déroutant.