France/frais de port: les éditeurs soutiennent les libraires contre Amazon

    Les P.-D.G. de plusieurs grandes maisons d’édition françaises ont pris la défense des libraires dans le bras de fer qui les oppose, sur fond de polémique, au site de ventes en ligne Amazon, condamné en décembre pour non respect de la loi sur le prix unique du livre. Le 12 décembre, le TGI de Versailles a condamné Amazon à verser 100 000 euros de dommages et intérêts au Syndicat de la librairie française (SLF) et à cesser les livraisons gratuites de livres, ainsi que la pratique des chèques cadeaux de bienvenue, sous peine d’astreinte de 1 000 euros par jour de retard. Un «combat d’arrière-garde» pour l’historien et essayiste Thierry Wolton, qui a dénoncé le 19 janvier dans «Le Monde» le «corporatisme» des libraires. «Le combat du SLF est non seulement d’arrière-garde, car Internet est devenu un vecteur culturel essentiel, y compris pour le livre, mais surtout il sent son poujadisme en pratiquant un corporatisme qui n’a rien à voir avec la défense du livre», écrit-il. Amazon a décidé de faire appel de sa condamnation et appelé mi-janvier ses clients à se mobiliser pour défendre la livraison gratuite des livres. «Si jamais le site est débouté, la France sera le seul pays au monde où la livraison gratuite du livre sera interdite», note Thierry Wolton. Une attaque en règle contre les libraires, dont la connaissance des livres s’arrête, selon lui, «à ce que le représentant de l’éditeur leur en a dit ou au résumé qui figure en quatrième de couverture. Ce qu’on trouve aussi sur le site Amazon». Irène Lindon, P.-D.G. des Editions de Minuit, et Françoise Nyssen, P.-D.G. d’Actes Sud, ont réagi vigoureusement dans un texte intitulé «Pour la librairie», publié vendredi dernier, dans le «courrier des lecteurs» du «Monde». La gratuité de port n’est pour elles qu’«un produit d’appel, le temps de se débarrasser des libraires moins riches qui ne peuvent faire face».