G. SAMPIC (Media365) : « Nous examinons les meilleures stratégies pour valoriser des marques comme Marmiton TV ou Top Santé TV »

292

Sport en France débarque au sein des offres CANAL+. Depuis le 6 février, la chaîne du mouvement sportif 100% gratuite est disponible auprès des abonnés, offrant ainsi près de 1.000 heures de direct. Depuis 2019, Sport en France contribue à faire découvrir gratuitement le mouvement sportif dans sa mixité et sa diversité. L’occasion de nous entretenir avec son éditeur Guillaume SAMPIC, Directeur Général de Media365, qui édite une dizaine de chaînes linéaires et SVOD.

MEDIA +

Comment le partenariat avec CANAL+ s’inscrit-il dans la stratégie de développement à long terme de Sport en France ?

GUILLAUME SAMPIC

Nos échanges avec CANAL+ ont commencé il y a quatre ans et demi, coïncidant avec la création de notre chaîne. L’ambition de Sport en France était de garantir une couverture médiatique pour ce que certains nomment les «petits sports», souvent négligés par les médias traditionnels. Notre chaîne s’est volontairement positionnée comme une solution pour ces fédérations, visant à leur fournir une visibilité maximale, peu importe leur nombre de licenciés. Des opérateurs comme Orange, Bouygues, Free, SFR ont tout de suite joué le jeu en mai 2019. Avec CANAL+, pour des raisons techniques et de planning, ça a pris un peu plus de temps que prévu. Il est important de souligner que l’intégralité des contenus que nous produisons appartient au CNOSF (Comité national olympique sportif français). Ainsi, tout diffuseur, qu’il opère dans le digital ou la télévision, peut utiliser notre contenu en totalité ou en partie.

MEDIA +

Quelle est la rentabilité économique de Sport en France ?

GUILLAUME SAMPIC

Notre modèle se distingue radicalement de celui d’une chaîne de télévision traditionnelle. Bien que nous bénéficions du soutien de France Télévisions Publicité pour la gestion publicitaire et de partenaires annuels (tels que la MAIF) qui contribuent à hauteur de 20% au financement de Sport en France, la majorité de notre budget provient de trois sources principales. Premièrement, le CNOSF nous alloue annuellement un budget de 800.000 €. Deuxièmement, les fédérations sportives participent aux frais de production à hauteur de 20%. Enfin, Reworld Media joue un rôle clé dans notre financement, ayant investi près de 10 M€ au cours des cinq dernières années, sans compter les millions supplémentaires en espaces publicitaires offerts chaque année pour promouvoir Sport en France au sein de leurs médias (comme «Télé Star» et «Télé Magazine»). Notre budget annuel s’élève à environ 5 M€. L’an dernier, nous avons couvert 373 événements sportifs, alors que notre contrat nous engage à en diffuser au moins 50 par an. Notre objectif est d’aller chercher des budgets supplémentaires pour éviter de refuser une fédération qui aurait besoin de nous.

MEDIA +

Quelles nouvelles audiences ciblez-vous spécifiquement ?

GUILLAUME SAMPIC

Chaque mois, près de 4,5 millions de personnes consultent un contenu Sport en France, à la fois sur la télévision linéaire (entre 1 et 1,5 million selon les vagues Médiamétrie), sur le replay, les plateformes digitales comme Molotov ou notre site internet. Près de 5,6 millions de personnes consultent également chaque mois nos réseaux sociaux.

MEDIA +

Misez-vous sur le sport féminin et le parasport ?

GUILLAUME SAMPIC

Bien sûr ! Nous proposons 65% des contenus dédiés au sport féminin et 15% au parasport. Prenons l’exemple du handball féminin :  c’est l’un des meilleurs championnats du monde mais il n’avait pas de diffuseur il y a encore 4 ans. La fédération s’est alors tournée vers nous, et ensemble, nous avons élaboré une stratégie de financement pour leur apporter notre soutien. Nous avons consacré sur notre antenne un espace significatif aux équipes féminines de handball, allant bien au-delà de la simple diffusion des matchs. Nous avons mis en place un storytelling autour des joueuses, enrichissant ainsi la couverture de leur sport. Grâce à notre engagement sur les trois dernières années, les diffuseurs plus historiques ont commencé à renouveler leur intérêt pour le handball féminin, ce qui est précisément l’un des objectifs de Sport en France.

MEDIA +

Visez-vous une expansion internationale de Sport en France ?

GUILLAUME SAMPIC

Nous commençons à recevoir des sollicitations dans les pays francophones. Sport en France est déjà accessible au Luxembourg. Nous sommes en train de conclure des accords avec des pays d’Afrique francophones, par exemple.

MEDIA +

Quelle est la logique de Média365 autour de vos marques de TV linéaires et VOD ?

GUILLAUME SAMPIC

Il s’agit de chaînes thématiques centrées sur les passions, telles que Top Santé TV, Maison & Travaux TV, Auto Plus TV, etc. Le business de la télé est en pleine mutation. Avant, les opérateurs achetaient des chaînes pour leur bouquet, espérant faire progresser leur nombre d’abonnés. Aujourd’hui, les opérateurs sont dans une logique de réduction de l’offre télévisuelle. Ils sont plus enclins à discuter avec des marque-médias ayant une ligne éditoriale pointue disposant déjà de leur propre communauté. Nous examinons actuellement les meilleures stratégies pour valoriser des marques telles que Marmiton TV ou Top Santé TV.

MEDIA +

Et à l’avenir ?

GUILLAUME SAMPIC

Nous envisageons de proposer certaines de nos chaînes aux opérateurs selon le même modèle gratuit que Sport en France. Les contenus que nous développons pour le digital sont déjà de qualité broadcast, ce qui nous permet de les proposer sous forme linéaire. Ainsi, notre modèle futur reposera soit sur les chaînes SVOD, soit sur la volonté d’opérateurs d’ajouter de nouvelles chaînes à leur offre, soit de déployer du contenu de marque, en créant des programmes en collaboration avec des partenaires. Nous prévoyons ainsi de lancer des chaînes en co-partenariat ou en marque blanche pour le compte de prestataires, et ce, à moindre coût.