Grèce : le gouvernement conservateur surmonte une motion de censure sur fond de scandale d’écoutes illégales

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Dans un climat politique agité à l’approche des élections en Grèce, le gouvernement conservateur a surmonté vendredi une motion de censure, sur fond de scandale d’écoutes illégales, qui éclabousse le Premier ministre depuis des mois. La majorité gouvernementale de droite du chef du gouvernement Kyriakos Mitsotakis a rejeté à une majorité de 156 voix sur 300 la motion de censure déposée mercredi par l’opposition au Parlement. Le Renseignement grec (EYP) est accusé d’avoir mené des écoutes illégales de téléphones portables d’un député européen, d’un ministre conservateur, de hauts responsables militaires et d’au moins trois journalistes via le logiciel «espion» Predator. Au cours d’un débat parlementaire de trois jours, le chef de file de la gauche radicale Syriza, Alexis Tsipras, mais aussi les communistes du KKE et les socialistes du Pasok-Kinal ont vivement critiqué le gouvernement, tenu responsable de l’affaire des écoutes. Alors que la Grèce est entrée en pré-campagne électorale en vue du scrutin législatif à venir, les échanges se sont transformés en une confrontation virulente entre les deux principaux rivaux, Kyriakos Mitsotakis et son prédécesseur Alexis Tsipras, chef du gouvernement de 2015 à 2019. L’affaire des écoutes se trouve «entre les mains de la justice», a assuré Kyriakos Mistotakis, accusant Alexis Tsipras de «diviser la société» eu vue des prochaines élections dont la date exacte n’a pas encore été fixée.La Nouvelle Démocratie (ND), le parti du chef du gouvernement, «est prêt à reprendre le flambeau pour un nouveau mandat», a-t-il lancé, évoquant les récents sondages d’intentions de vote selon lesquels son parti devance Syriza d’au moins 6%. De son côté, M. Tsipras s’en est pris au Premier ministre l’accusant d’avoir «ordonné» ces écoutes et d’être «le cerveau et le dirigeant» d’«un réseau criminel» d’espionnage, «un scandale» qui va mener à «la défaite de la droite lors des prochaines élections». Kyriakos Mitsotakis a quant à lui attaqué son prédécesseur qu’il a notamment accusé d’avoir précipité la Grèce «à un pas de l’expulsion de l’Europe» quand en 2015, le pays, au bord du défaut de paiement, était entré dans des négociations houleuses pour obtenir un plan d’aide européen et avait été proche de sortir de la zone euro. A l’origine de cette motion de censure, les révélations par Alexis Tsipras mercredi au Parlement des «preuves», selon lui, fournies par l’Autorité indépendante de la sécurité des Télécoms (Adae) concernant la surveillance par le Renseignement grec (EYP) du ministre du Travail Kostis Hadzidakis, du chef d’état-major Konstantinos Floros et de quatre autres militaires. Le scandale des écoutes avait véritablement éclaté en juillet dernier lorsque Nikos Androulakis, député européen et chef du parti socialiste grec Pasok Kinal, avait déposé plainte, affirmant avoir été victime d’une tentative d’infection de son téléphone avec Predator. Kyriakos Mitsotakis avait ensuite reconnu que M. Androulakis avait fait l’objet d’une surveillance, mais avait assuré que le gouvernement grec n’avait «ni acheté, ni utilisé le logiciel» espion Predator.Le chef du renseignement grec et un proche conseiller du Premier ministre avaient démissionné en raison de ce scandale qualifié de «Watergate» grec par les médias. L’affaire a depuis été confiée à la justice mais l’enquête est toujours en cours. «Aujourd’hui il y a des preuves (fournies) par l’Adae», a insisté Alexis Tsipras au Parlement, accusant le Premier ministre de «mentir depuis six mois». Le Premier ministre a accusé en retour Alexis Tsipras d’avoir violé «la confidentialité» des documents de cette autorité en révélant leur contenu.