Les journalistes de la radio nationale de Guinée ont entamé une grève illimitée pour dénoncer leurs conditions de travail et leur mise sur la touche au profit de la télé, qui continue selon eux sous la junte désormais au pouvoir.
Seul un service minimum a été assuré ce mercredi 20 octobre, deuxième jour du mouvement, et aucun grand journal parlé n’a été diffusé.
Les grévistes dénoncent «la mise à l’écart» de la radio, a dit Saa Martin Fancinadouno, secrétaire général du syndicat des travailleurs de la Radio Télévision Guinéenne (RTG).
«Depuis l’avènement du président Alpha Condé en 2010, la radio a été plongée dans un mépris total en terme de fonctionnement», a-t-il dit.
M. Condé a été renversé par un coup d’Etat militaire le 5 septembre. Mais la marginalisation de la radio se poursuit sous la junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya, a assuré Saa Martin Fancinadouno.
Ces dernières passent outre la radio pour la communication des actes officiels, a-t-il dit. Depuis le 5 septembre, la junte a annoncé ses grandes décisions, comme la fermeture puis la réouverture des frontières ou encore la nomination d’un Premier ministre de transition, par des communiqués lus par des officiers en uniforme à la télévision nationale.
Saa Martin Fancinadouno a également déploré un «manque d’équipements» pour la rédaction de la radio où «il n’y a que deux ordinateurs et deux véhicules de reportage». Joint au téléphone, le directeur de la radio, Alpha Ousmane Diangolo Barry, a décliné tout commentaire.
«Le syndicat a pris le relais et on les laisse faire parce que tout ce que je vais dire sera interprété», a-t-il déclaré. Les journalistes de la radio disent être au nombre d’une quarantaine. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a montré du doigt les difficultés rencontrées par la presse pour couvrir l’actualité des nouvelles autorités.
Le 8 octobre, «plusieurs chaînes se sont vues empêchées de couvrir l’investiture du Premier ministre, Mohamed Béavogui», selon RSF qui signale que «les médias privés sont également régulièrement empêchés de suivre les concertations nationales», laissant à la RTG, «le monopole de la couverture».