H. de FONTAINES (M6+) : « Nous sommes ouverts à intégrer des contenus extérieurs au groupe M6 »

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Six mois après son lancement, M6+ s’impose dans le quotidien des Français. Avec un taux de notoriété de 88% auprès des 15 ans et plus et près de 5 millions de téléchargements (dont plus de 40% sur les téléviseurs connectés), la plateforme enregistre de jolies performances. Entretien avec Henri de FONTAINES, Membre du directoire du Groupe M6 en charge de la stratégie, du streaming et de la distribution. 

Quels facteurs expliquent le démarrage très encourageant de M6+ ? 

Ce succès est le fruit d’un ensemble d’éléments. Dès son lancement, les Français se sont immédiatement familiarisés avec l’interface, et les programmes ont aussitôt fonctionné. L’accès via les télévisions connectées, lancé le 15 mai 2024, représente déjà près de 10% de notre audience totale, ce qui a aussi boosté notre couverture. Les différentes fonctionnalités de M6+ ont été largement plébiscitées. Depuis le démarrage, le temps de consommation a augmenté de 40% sur un an, et les revenus publicitaires ont progressé de 35%, dépassant ainsi nos attentes.

M6+ se distingue comme la plateforme française de streaming gratuite avec la plus longue durée d’écoute quotidienne par utilisateur. Comment envisagez-vous de renforcer cet engagement ?

Attirer du public est une chose, mais le fidéliser en est une autre. Pour cela, nous mettons l’accent sur l’idée que M6+ n’est pas seulement une plateforme de rattrapage, mais une destination de divertissement. Ça implique d’enrichir continuellement notre catalogue. Le genre fiction, par exemple, a connu la plus forte croissance depuis le lancement avec un temps de consommation qui a quasiment doublé, et un tiers de cette croissance est lié à des acquisitions exclusives de M6+.

Les programmes TV linéaires connaissent une forte croissance sur M6+…

Oui, les contenus «streamables» n’ont jamais aussi bien fonctionné. Plus de la moitié de l’audience de «Pékin Express» et des «Cinquante» se fait en streaming. Même tendance pour «L’Amour est dans le pré» et «Top Chef», où près de 30 % de l’audience se fait en ligne. Pour ces franchises, nous avançons désormais sur deux axes : la diffusion linéaire et le streaming, un basculement que nous souhaitons accompagner et amplifier dans les mois à venir.

La consommation streaming est-elle aussi monétisable que sur le linéaire ? 

Oui, elle l’est tout autant. En streaming, nous proposons un temps publicitaire réduit pour garantir un meilleur confort aux utilisateurs. L’avantage réside dans la possibilité de diffuser des publicités plus ciblées, permettant aux annonceurs de payer uniquement pour atteindre leur audience spécifique, ce qui augmente la valeur de ces espaces publicitaires. Cela implique cependant un travail de sensibilisation auprès des utilisateurs pour obtenir leur consentement à une personnalisation éditoriale et publicitaire. C’est normal que chacun se questionne lorsqu’il lui est demandé d’accepter des contenus personnalisés. Nous observons également des avancées en matière de ciblage avec la télévision connectée, où les taux de consentement sont relativement élevés, notamment chez un public plus jeune et technophile. Cette audience connectée vient s’ajouter aux chiffres de l’IPTV, qui reste aujourd’hui notre principal canal pour toucher nos téléspectateurs.

Des chiffres à nous partager ? 

Nous avons atteint 5 millions de téléchargements pour l’application M6+, dont 2 millions spécifiquement sur les télévisions connectées, ce qui montre une adoption massive. En 2025, notre objectif reste ambitieux : maintenir une croissance de 20 %, doubler notre trafic en 4 ans et tripler nos revenus sur la même période. Nous restons cependant prudents quant à la part attribuable à l’effet de lancement. Nous avons mené des campagnes de communication et marketing avec des spots TV, de l’affichage, ainsi qu’un enrichissement rapide de notre catalogue et une généralisation du replay à 30 jours. Cet effort a considérablement stimulé notre audience. Le streaming n’est pas un sprint, c’est un marathon, et nous nous réjouissons des succès des acteurs français dans ce domaine. Notre but est que la consommation des contenus télévisuels se perpétue, quelle que soit la manière de regarder. Nous avons d’ailleurs battu notre record de fréquentation le 7 novembre sur M6+, avec 3,4 millions d’utilisateurs.

Êtes-vous ouvert à l’intégration d’autres médias, comme TF1+ l’a fait avec Arte ? 

Nous sommes effectivement ouverts à intégrer des contenus extérieurs au groupe M6, à condition qu’ils viennent compléter notre offre de manière cohérente. Nous ne visons pas une logique d’exhaustivité, ce qui serait irréalisable. Depuis le lancement, nous avons déjà enrichi notre catalogue avec deux types de contenus : Hayu, avec de la téléréalité de NBC, et un corner dédié à l’offre de Pluto TV. Sans pouvoir dévoiler de noms pour le moment, nous travaillons à l’intégration de nouvelles grandes marques et franchises.

Comment anticipez-vous les attentes des utilisateurs français ? 

La croissance est très forte, et l’innovation dans ce secteur est foisonnante. Pour répondre aux attentes des utilisateurs français, nous devons rester à la pointe de ce qu’un téléspectateur averti recherche. Cela implique de continuer à innover, notamment en lançant de nouvelles fonctionnalités pour 2025, axées sur une personnalisation accrue et des partenariats stratégiques. Nous envisageons également d’intégrer différents types de divertissements dans une même application. Sur M6+, par exemple, nous proposons déjà des podcasts ; et du côté de RTL+ en Allemagne, on trouve de la musique, des livres audios, et de la lecture. Ce sont des pistes que nous explorons. Dans cette bataille, l’enjeu est d’enrichir et de différencier nos plateformes pour répondre aux attentes diversifiées du public.