Intelligence artificielle dans les services publics: le Défenseur des droits réclame davantage d’«intervention humaine»

Les autorités doivent préciser le cadre de  l’«intervention humaine» d’un fonctionnaire lorsqu’une décision des services  publics est prise avec l’appui de systèmes algorithmiques ou d’intelligence  artificielle (IA), réclame mercredi le Défenseur des droits (DDD), dont un  rapport appelle à renforcer la «transparence» sur ce sujet.    «C’est une question de confiance des usagers envers leur administration», a  justifié cette autorité indépendante, qui reçoit encore peu de  réclamations d’usagers.

Mais les premiers dossiers dessinent une problématique  «systémique».    A l’heure de «l’algorithmisation de l’administration», la part de  l’intervention humaine dans les décisions qui ne sont que «partiellement  automatisées» inquiète le DDD.

«Le fait qu’un agent applique de façon systématique, par exemple en  appuyant sur un bouton «valider», les résultats générés par l’algorithme ou le  système d’IA, sans opération intellectuelle de vérification, ne saurait être  considéré comme une intervention humaine», peut-on lire dans le rapport.    Il peut s’agir de démarches concernant des attributions de prestations  sociales, de calculs d’impôts, ou encore d’accès à l’enseignement supérieur.    «On prend acte du droit tel qu’il existe et qui dit bien que dans toute une  série de cas, il peut ne pas y avoir d’intervention humaine. Mais lorsqu’il  doit y avoir une intervention humaine, on recommande de préciser ce que cette  intervention doit apporter. Qui intervient ? A quel moment du processus ? Pour  les décisions partiellement automatisées, il faut une intervention humaine  plus substantielle», explique-t-on au DDD.

«Il n’y a pas de doute sur le fait qu’ils (IA et algorithmes) sont porteurs  de progrès, il n’y a pas de doute non plus qu’ils soient porteurs de risques  pour les droits fondamentaux», ajoute le Défenseur des droits.

L’autorité administrative appelle également à davantage de transparence, en  demandant par exemple au gouvernement de consacrer un «droit à l’explication»  pour ces décisions.

Le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, a estimé samedi à  Saint-Raphaël que l’IA était «la pierre angulaire de la transformation de la  fonction publique», estimant que son développement «permettra des gains  colossaux en efficacité».

Le Défenseur des droits, lui, veut «alerter les pouvoirs publics sur la  place du droit des usagers dans ces politiques de déploiement tous azimuts des  algorithmes et de l’IA à peu près dans tous les services publics».