Intrusion au Capitole: plusieurs médias ultra-conservateurs américains relativisent

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Plusieurs médias ultra-conservateurs américains ont relativisé mercredi la gravité de l’intrusion de partisans de Donald Trump au Capitole, évoquant une colère légitime et accusant, sans preuve, l’ultragauche d’avoir infiltré le mouvement. «L’essentiel de ce que nous avons vu aujourd’hui était magnifique». Ben Bergquam, le reporter de la petite chaîne en ligne Real America’s Voice, a tiré mercredi, devant le bâtiment du Congrès, un bilan bien différent de la plupart des observateurs. Les nouveaux acteurs ultra-conservateurs de l’information télévisée, qui tentent de grignoter des parts de marché à la référence Fox News, ont régulièrement cherché à dissocier les supporteurs de Donald Trump du chaos survenu au Congrès. D’un côté, «une grande majorité de manifestants pacifiques», selon Ben Bergquam, et, de l’autre, un «petit groupe» d’éléments perturbateurs, comme l’a décrit Chris Salcedo, l’un des présentateurs de la chaîne Newsmax, vers qui se sont reportés un nombre significatif de républicains depuis l’élection présidentielle. De Newsmax à Real America’s Voice, en passant par One America News Network (OAN), que Donald Trump a recommandé plusieurs fois ces dernières semaines, ils ont été plusieurs à dénoncer, sans aucun élément à l’appui, l’infiltration supposée de groupuscules d’ultragauche. «Je pense qu’il s’agissait d’antifa sous couverture», a expliqué Gina Loudon, présentatrice de Real America’s Voice, au sujet des émeutiers qu’elle a croisés mercredi dans les coursives du Congrès. «Nous ne savons même pas qui était de l’autre côté de ces portes», parmi les émeutiers, a même osé l’élu républicain à la Chambre des représentants Pat Fallon, sur Newsmax. Tout en dénonçant les violences commises dans l’enceinte du Parlement américain, Greg Kelly, de Newsmax, a lui considéré comme logiques les événements de mercredi, qui ont pourtant choqué le monde entier. «Si vous volez une élection», a-t-il expliqué en reprenant les accusations infondées du camp Trump, «il va y avoir beaucoup de gens en colère». Aux portes du Congrès, les manifestants ont «poussé, ont frotté, mais pour l’essentiel, c’est tout», a relativisé Kevin Corke, reporter de Fox News, au sujet de ce que plusieurs dirigeants étrangers ont qualifié d’atteinte à la démocratie. «Tout cela arrive parce que les gens au pouvoir ont décidé de réprimer si dûrement la population que les choses ont fini par exploser», a lancé le présentateur vedette de Fox News, Tucker Carlson, s’en prenant visiblement à d’autres que le président, sans les nommer. «Je n’avais encore jamais vu le gouvernement s’opposer aux patriotes», a critiqué Gina Loudon, évoquant les heurts entre partisans de Donald Trump et forces de l’ordre.
S’il a lui aussi rejeté toute forme de violence, l’autre star de Fox News, Sean Hannity, a néanmoins dénoncé, comme beaucoup d’autres commentateurs conservateurs, un traitement orienté des grands médias. «Ils vont dire que tous les supporteurs de Trump sont violents», s’est enflammé Grant Stinchfield, de Newsmax. «J’aurais simplement aimé qu’ils dénoncent le fait que tant de villes ont été abîmées» lors des manifestations du printemps contre le racisme. A aucun moment il n’aura été question de la responsabilité éventuelle de Donald Trump, qui incite depuis l’élection ses partisans à contester, jusqu’au-delà de la légalité, les résultats du scrutin. Tous, Sean Hannity en tête, ont plutôt relevé les appels au calme du président sortant sur Twitter, lancés après avoir laissé la situation dégénérer. Pour Eric Greitens, de Real America’s Voice, l’interruption forcée, même momentanée, des débats au Congrès mercredi «donne au président quelques jours de plus pour démontrer qu’il y a eu fraude».