Julien ROSANVALLON (Médiamétrie) : «La TV en live représente 93% de la consommation globale»

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Julien ROSANVALLON, Directeur du Département Télévision de Médiamétrie

Face à des pratiques TV qui évoluent, les mesures d’audience s’affinent. Interrogé hier matin à l’issue d’une conférence de presse sur «L’Année TV 2015», média+ s’est entretenu avec Julien ROSANVALLON, Directeur du Département Télévision de Médiamétrie qui nous décrit l’évolution du secteur.

media+

Les mesures d’audience évoluent. Comment Médiamétrie va-t-elle procéder ?

Julien ROSANVALLON

Le Médiamat évolue depuis plusieurs années. Dans l’historique récent, nous prenons en compte depuis 2011 les consommations TV délinéarisées avec l’intégration du différé. La saison dernière, les consommations en catch-up sur le téléviseur ont été incorporées aux mesures d’audience d’un point de vue global. Et depuis le 5 janvier 2016, la consommation détaillée en catch-up, programme par programme, est intégrée au Médiamat. Ces innovations ne sont pas nouvelles, mais elles accompagnent et anticipent l’évolutions des usages. Chaque jour en moyenne, 8,7 millions de téléspectateurs regardent des programmes en différé ou en catch-up (en décembre 2015, ndlr).

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L’évolution des mesures est-elle une réponse aux attentes des diffuseurs face à la fragmentation des audiences linéaires ?

Julien ROSANVALLON

Notre rôle est de faire en sorte que la mesure du Médiamat soit le reflet le plus fidèle de l’ensemble des consommations télévisuelles. Evidemment, nous entretenons des discussions avec les chaînes, les agences et les annonceurs. Mais notre objectif est d’être le plus proposant possible. Nous avons établi des dispositifs de veilles extrêmement fins qui nous permettent de détecter des usages qui vont devenir «mainstream», et qui seront intégrés à terme à nos mesures. Au cours du 1er semestre 2016, Médiamétrie lancera une mesure TV sur les 4 écrans (TV, ordinateur, tablette, smartphone). Nous prévoyons aussi le lancement d’une innovation importante dans la mesure des chaînes thématiques. L’idéal serait de passer de deux mesures par an à un rythme mensuel voire hebdomadaire selon les cas.

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Le télévision, média puissant, est-elle de moins en moins linéaire ?

Julien ROSANVALLON

Les nouvelles formes de consommation ont porté la croissance de la télévision. Près de 45 millions de personnes en moyenne étaient devant leur petit écran chaque jour en 2015. Le live reste central. Si vous prenez l’ensemble de la population française, la télévision dans sa forme classique en live représente 93% de la consommation. Tous les acteurs du secteur sont convaincus de la pérennité de la diffusion linéaire. Il est difficile d’envisager l’identité d’une chaîne sans une programmation en live. En Angleterre, la BBC va expérimenter l’arrêt prochain de la diffusion live de la chaine BBC3. Au-delà de cette expérience, les téléspectateurs aiment la consommation live et recherchent en elle une certaine dimension fédératrice. Pour certains types de programmes, le délinéarisé prendra une place de plus en plus importante. Nous le voyons bien avec la fiction.

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La mesure de l’impact de la Social TV est-elle encore un gadget ?

Julien ROSANVALLON

Nous mesurons la Social TV de façon quantitative. 70 millions de tweets ont été postés sur la télévision en 2015 (45 millions pour les chaînes nationales historiques et 25 millions pour la TNT). Cela représente 3,9 milliards d’impressions délivrées. Aujourd’hui, les chaînes sont intéressées par l’aspect qualitatif. C’est une voie de retour sur ce que les téléspectateurs pensent de leurs programmes. Les diffuseurs ne peuvent pas ignorer ces avis même s’ils ne sont pas représentatifs de tous leurs téléspectateurs. Ces informations leur permettent de réagir, et dans certains cas, de dialoguer avec leur public.