L1: les fonds candidats à la société commerciale déposent leurs offres

319

Quatre fonds d’investissement intéressés par la nouvelle filiale commerciale du football français, jugée vitale pour les clubs, déposent leurs offres définitives mercredi en détaillant leur projet destiné à mieux rentabiliser les droits TV de Ligue 1. Au terme d’un long processus de sélection, l’examen final approche pour les investisseurs potentiels, prêts à débourser 1,5 milliard d’euros, le montant souhaité par la Ligue de football professionnel (LFP), pour une participation minoritaire allant jusqu’à 20% du capital. Présentée comme la planche de salut du foot professionnel français et avalisée par la récente loi sur le sport adoptée au Parlement, la société commerciale doit permettre de trouver un actionnaire aux reins solides et à l’expertise reconnue. Un gage d’argent frais immédiatement disponible et de développement d’avenir pour les clubs de L1 et L2, éreintés par la défaillance de l’ancien diffuseur Médiapro et la crise sanitaire, avec 600 millions d’euros de pertes nettes redoutées cette saison. Plus que le montant apporté, qui devrait être sensiblement similaire d’un candidat à l’autre, c’est le contenu des projets qui devrait faire la différence, selon deux sources au fait du processus. A savoir le pourcentage de participation souhaité, l’échéancier de paiement, la gouvernance proposée, l’expertise marketing et médiatique apportée… Sur la dizaine de fonds initialement candidats, 4 d’entre eux (Oaktree, CVC, Silver Lake et Hellman&Friedman) sont entrés fin 2021 en négociations directes avec la LFP, avec la possibilité de mener un audit en profondeur avant de formuler leur proposition finale. Il ne faut a priori pas s’attendre à la désignation d’un lauréat dès mercredi: dans ce processus de gré à gré, cette date marque plutôt le début d’une période d’analyse des offres finales, avec de possibles «grands oraux» devant les clubs et aucune décision avant «courant avril». La LFP espère mettre la nouvelle structure sur pied en fin de saison, avec l’objectif que les clubs disposent des sommes promises dès cet été, ou au moins d’un échéancier. Une clé de répartition, qui reste à fixer, devrait distinguer la locomotive du championnat (le Paris SG), une poignée d’équipes majeures, et le reste des clubs. Une partie de la manne obtenue sera dévolue à la société commerciale elle-même, pour recruter des spécialistes et développer son activité, une autre partie à la Fédération (FFF) et une partie à la LFP, pour combler ses dettes et constituer un matelas de sécurité. En échange, l’actionnaire minoritaire disposera de représentants au conseil d’administration de la structure et se remboursera sur les recettes futures. Les projections de croissance sont ambitieuses avec l’objectif de doubler ou tripler le chiffre d’affaires «dans un horizon de sept à dix ans», selon une source au coeur des discussions. Pour cela, l’idée est d’utiliser les montants obtenus afin de soigner la qualité du produit Ligue 1 (pelouses, infrastructures, innovations…) et d’aborder en meilleure position le prochain cycle de droits TV qui s’ouvrira en 2024. Une marge de progression est déjà identifiée: les droits TV à l’international, très sous-évalués par rapport aux autres championnats européens (environ 80 millions d’euros par an jusqu’en 2024, contre dix fois plus pour la Liga espagnole, par exemple). L’objectif de Vincent Labrune, président de la LFP, est clair: créer «un cycle vertueux qui serait l’augmentation des recettes sur la scène européenne (liées aux performances en coupes d’Europe, NDLR) et des droits internationaux, ce qui nous permettrait de conserver nos meilleurs talents, d’en recruter d’autres, d’avoir un meilleur spectacle et donc une meilleure audience et de relancer positivement le cycle des droits», a-t-il expliqué en décembre lors d’une audition au Sénat.