La Géorgie gracie un célèbre journaliste pro-opposition dont l’emprisonnement suscitait des critiques

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La Géorgie a gracié jeudi un célèbre journaliste pro-opposition, Nika Gvaramia, dont l’emprisonnement suscitait des critiques concernant la liberté de la presse dans ce pays. L’Union européenne a salué la décision de libérer M. Gvaramia, présentateur et propriétaire de la chaîne Mtavari TV, condamné en mai 2022 à trois ans et demi de prison pour «avoir nui aux intérêts financiers d’une chaîne de télévision qu’il avait auparavant dirigée».

Jeudi soir, dans une annonce inattendue, la présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, a déclaré avoir «pris la décision de gracier Nika Gvaramia». Lors d’une conférence de presse, elle a refusé de donner les raisons de cette décision et déclaré ne pas vouloir commenter «ce qui relève de mon droit discrétionnaire».

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a salué la «décision de la présidente de gracier Nika Gvaramia» car elle constitue «une étape essentielle vers la dépolarisation en Géorgie».

«L’avenir de la Géorgie est dans l’Union européenne», a-t-il ajouté. M. Gvaramia affirmait que les poursuites à son encontre étaient motivées par des considérations politiques.

Les organisations de défense des droits de l’homme Amnesty International et Human Rights Watch avaient appelé à la libération de cet homme très critique à l’encontre du gouvernement.  Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) s’est déclaré «ravi que Nika Gvaramia ait été gracié».

«Il n’aurait jamais dû être emprisonné et son maintien en détention est en contradiction avec le prétendu engagement du pays en faveur de la liberté de la presse», a déclaré Gulnoza Said, coordinateur du programme du CPJ pour l’Europe et l’Asie centrale.

Plusieurs figures éminentes et responsables de plusieurs chaînes de télévision indépendantes géorgiennes accusent déjà depuis longtemps la coalition au pouvoir, le Rêve géorgien, d’utiliser le système judiciaire pour étouffer l’opposition.

Des défenseurs des droits humains ont aussi exprimé leur inquiétude au sujet de la liberté de la presse en Géorgie, affirmant que les dirigeants et propriétaires de presque toutes les chaînes de télévision indépendantes étaient sous le coup d’enquêtes.

L’Union européenne a inscrit l’amélioration de la liberté de la presse parmi les 12 conditions que le gouvernement géorgien doit remplir pour obtenir le statut de candidat officiel à l’Union européenne.

En octobre 2015, M. Gvaramia avait affirmé qu’un responsable du gouvernement l’avait menacé de diffuser des vidéos enregistrées à son insu sur sa «vie privée», afin de le forcer à quitter le monde des médias.

De 2007 à 2009, M. Gvaramia a occupé plusieurs fonctions dans le cabinet de l’ex-président Mikheïl Saakachvili (2004-2013), supervisant sa croisade anticorruption.