La majorité des sites ne sont pas adaptés aux handicapés

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Trois heures pour acheter un billet de train pour un trajet de 2H17, des courses alimentaires en ligne semées d’embûches: l’écrasante majorité des sites internet en France ne sont pas adaptés aux handicapés, générant un parcours d’obstacles pour les aveugles et les malvoyants. Outils indispensables du quotidien, les services numériques publics et ceux des grandes entreprises privées ont l’obligation d’être accessibles de façon équivalente à tout citoyen, y compris ceux en situation de handicap, visuel, auditif, moteur, troubles dys…. Mais faute de sanctions, peu le sont. Les aveugles –70.000 en France, et 1,5 million de malvoyants– écoutent une synthèse vocale qui lit le texte. Ne pouvant voir où pointe une souris, ils utilisent des raccourcis clavier. «Je n’ai pas de vision globale de la page, je la déchiffre bout par bout», explique Manuel Pereira, chargé de l’accessibilité numérique à l’Association Valentin Haÿe, qui a récemment réuni malvoyants et professionnels du numérique pour une conférence à Paris. A tout moment, ce parcours laborieux peut s’interrompre si une case n’est pas convenablement codée. «Un seul point qui bloque et le site est inutilisable pour nous». Chaque site doit publier en bas de sa page une mention d’accessibilité, qui indique son niveau de conformité au RGAA (référentiel général d’amélioration de l’accessibilité). Il est jugé «conforme» avec un niveau de conformité à 100%, non conforme en-dessous de 50%, «partiellement conforme» entre ces deux niveaux. Le site de l’Elysée est à 74%, Ameli, le site de l’assurance maladie, à 72% et SNCF-Connect à 54%. Onze seulement des 221 démarches phares de l’Etat réalisables sur internet listées sur l’Observatoire de la qualité des démarches en ligne sont «totalement accessibles» aux handicapés, indique Marine Boudeau, cheffe du pôle design des services numériques de la direction interministérielle du numérique (Dinum).