L’armateur marseillais CMA CGM finalise l’ac- quisition de 100% des titres de La Provence

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Les soupçons visant le PSG et son recours à une «armée numérique» pour déstabiliser jusqu’à ses propres joueurs sur internet ont mis en lumière le propriétaire d’une agence de communication aux réseaux très étendus, Lotfi Bel Hadj. Selon le journal en ligne Mediapart, entre 2018 et 2020, l’agence Digital Big Brother (DBB) aurait déployé de faux comptes Twitter pour mener des raids numériques contre des médias et des cibles du club de football parisien, qui conteste ces accusations. Cette affaire a placé sur le devant de la scène le lobbyiste franco-tunisien Lotfi Bel Hadj, 61 ans, qui contrôle avec son épouse DBB, basée en Espagne, et UReputation, une société tunisienne comptant 75 employés, spécialiste des «métiers cyber». «Très intelligent» et doté d’un «bagout extraordinaire», cet homme d’affaires discret est «un excellent vendeur», dit un ancien associé, qui se souvient d’une «vie antérieure où Bel Hadj était encore à peu près raisonnable». L’entrepreneur commercialisait à l’époque une activité de veille sur les réseaux sociaux, réalisée depuis Tunis à un coût plus abordable qu’en Europe. Mais, pour se développer, il n’a pas hésité à «franchir la ligne jaune», selon son ex-associé. «La limite (du métier de l’influence), ce sont les faux comptes. On sait pertinemment que faire des armées de «trolls», ça vous retombe toujours dessus et sur vos clients», ajoute-t-il. L’affaire interroge à nouveau les méthodes utilisées par des communicants en ligne, 2 mois après le scandale ayant touché un cabinet français d’«intelligence économique», Avisa Partners, accusé également par Mediapart d’avoir manipulé l’opinion publique en écrivant pour le compte de grands groupes ou d’Etats de faux articles sur des blogs participatifs. Pour UReputation, qui a compté parmi ses clients le groupement Optic 2000, Smovengo (prestataire des Vélib’ à Paris) ou le PSG et son actionnaire le Qatar, un 1er avertissement était tombé en juin 2020, quand Facebook avait fermé 446 pages et 96 groupes administrés par l’entreprise, arguant du fait qu’ils visaient à peser, au prix d’infox, sur des élections en Afrique francophone. Selon le laboratoire de recherche américain Digital Forensic Research Lab (DFRLab), les publications, dont des sondages trompeurs, soutenaient le président comorien Azali Assoumani, l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, ou encore le président togolais Faure Gnassingbé. Surnommé «le faiseur des présidents» dans les milieux de pouvoir africains, Lotfi Bel Hadj avait également orchestré en 2019 une campagne d’influence au profit de Nabil Karoui, magnat des médias et candidat malheureux à la présidence tunisienne face à Kais Saied, selon une enquête récente du site d’investigation tunisien Al-Qatiba. Depuis, les bureaux de UReputation à Tunis ont été fermés et les employés dispersés entre l’Espagne et le Sénégal, mais des dizaines de comptes gérés par la société sur les réseaux sociaux restent actifs, selon le site d’information. Pour Jean-Baptiste Soufron, avocat de UReputation en France, l’agence «n’a jamais été condamnée pour faire des faux comptes. Dans la partie qui les concerne sur Facebook, ils ont toujours été extrêmement prudents et n’ont jamais rien fait d’illicite», a-t-il déclaré. L’agence a d’ailleurs intenté des recours en France et en Tunisie contre Facebook. «On fait ce que nous demande le client. C’est l’aspect moral qu’il faut discuter», estime un ex-salarié, qui précise que l’agence s’était tout de même «fixé plusieurs lignes», notamment «l’interdiction de faire des «fake news» pendant la campagne tunisienne».