Plus grande plateforme américaine d’échanges de bitcoins, Coinbase fait son entrée à Wall Street mercredi, une consécration boursière pour les cryptomonnaies qui devrait propulser son patron au rang de multi-milliardaire. Fondée en 2012 à San Francisco (Californie) par Brian Armstrong, 38 ans ancien ingénieur chez AirBnb et par Fred Ehrsam, ex-trader de Goldman Sachs, la plateforme permet d’acheter et de vendre une cinquantaine de cryptomonnaies, dont le bitcoin et l’ether. Après son introduction au Nasdaq, sous le symbole COIN, Coinbase pourrait atteindre une valorisation à plus de 65 milliards de dollars. Cela représenterait la plus grosse valorisation pour l’entrée en Bourse d’une entreprise américaine depuis Uber en 2019. Le Nasdaq a fixé mardi soir le prix de référence à 250 dollars l’action, mais le titre était demandé avant sa cotation à 340 dollars, selon l’agence Bloomberg. Le prix de référence est en effet indicatif, Coinbase ayant choisi de ne pas faire une entrée en Bourse via une traditionnelle IPO, mais via une cotation directe. Ce processus permet à ceux qui sont déjà actionnaires de valoriser leur mise mais l’entreprise ne lève pas d’argent frais pour l’instant.Brian Armstrong, qui détient 20% des parts de la plateforme et occupe le poste de PDG, pourrait voir sa fortune valorisée jusqu’à 20 milliards de dollars selon le Wall Street Journal, propulsant le dirigeant de la Silicon Valley dans la liste des 100 hommes les plus riches du monde établie par «Forbes». En amont de l’arrivée de Coinbase, le bitcoin n’a cessé d’enfler ces derniers jours, culminant mercredi à un sommet à près de 65.000 dollars. «Une introduction réussie au Nasdaq (de Coinbase) devrait agir comme une reconnaissance des cryptomonnaies par les investisseurs traditionnels», a indiqué Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swiss Quote, et le bitcoin reflète cette «étape importante» atteinte par les cryptomonnaies, selon elle. Si Coinbase a profité de la fulgurante ascension de la reine des cryptomonnaies et d’autres devises virtuelles allant de l’ether au Litecoin, son champ d’activité attire aussi la méfiance des régulateurs qui s’inquiètent de l’utilisation des cryptomonnaies à des fins illicites. M. Armstrong a reconnu mercredi sur la chaîne CNBC que la régulation était l’une des principales menaces pour l’activité des cryptomonnaies. «Maintenant que Coinbase est une compagnie cotée, nous allons être soumis à davantage de surveillance sur ce que nous faisons et les gens veulent comprendre les implications qui en découlent», a t-il affirmé. «Nous sommes ravis de respecter les règles. Tout ce qu’on demande c’est d’être traité, a minima, de la même façon que les services financiers traditionnels et de pas être punis parce qu’on appartient à l’espace des cryptomonnaies», a-t-il ajouté.
Coinbase a récemment été épinglée par l’autorité américaine de régulation des marchés à terme et des produits dérivés (CFTC), qui l’accusait d’avoir fourni des informations «fausses, trompeuses ou inexactes» sur des cryptomonnaies et d’avoir manipulé le marché entre 2015 et 2018. Sans reconnaître ses torts, l’entreprise s’est acquitté d’une amende de 6,5 millions de dollars et s’est vue contrainte de repousser sa date d’entrée à Wall Street. Le chiffre d’affaires de la plateforme a presque décuplé en l’espace d’un an, s’établissant à 1,8 milliard de dollars au 1er trimestre, selon les estimations du groupe. Son profit se situe dans une fourchette comprise entre 730 millions et 800 millions de dollars.