Le tribunal de commerce valide jeudi le plan de sauvegarde accélérée d’Atos

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Le tribunal de commerce a validé jeudi le plan de sauvegarde accélérée d’Atos, offrant une bouée de sauvetage au groupe informatique français, dont l’activité s’est fortement dégradée au 3T et qui entend boucler sa restructuration d’ici janvier 2025. «Cette étape importante garantit la pérennité des activités d’Atos dans le meilleur intérêt de nos employés et de nos clients, et permet de projeter le groupe sereinement vers une nouvelle page de son histoire», a réagi le nouveau président du CA du groupe, Philippe Salle. Cette décision est tombée quelques minutes après qu’Atos a fait état d’une activité en berne avec un chiffre d’affaires (c.a) à 2,3 milliards d’euros au 3T, en chute de 10,5% sur un an. Cette baisse a concerné aussi bien le pôle Eviden, qui regroupe la cybersécurité, le numérique et le «big data» et dont les revenus ont baissé de 9% à 1,1 milliard d’euros, que la branche Tech Foundations (infogérance), qui a connu un recul de ses ventes de 11,7% à 1,2 milliard d’euros. En cause pour l’activité numérique: un «ralentissement général du marché en Amérique, des réductions de périmètres de contrats au Royaume-Uni et en Europe centrale (lorsqu’un client décide de ne pas renouveler 100% des services fournis par Atos, NDLR), et des fins de contrats», a indiqué Jacques-François de Prest, directeur financier du groupe. Atos a notamment perdu l’énorme contrat des Jeux olympiques, dont il a été le pilier technologique pour l’édition 2024 à Paris, le Comité international olympique lui ayant préféré l’Américain Deloitte. Et, ce, dès les JO d’hiver de 2026 en Italie. Les prises de commandes ont, elles, dégringolé de plus de 30%, à 1,5 milliard d’euros au 3T. L’entreprise a conservé ses objectifs pour la période 2024-2027, revus à la baisse début septembre, et s’attend à un c.a. de 9,7 milliards d’euros en 2024, soit une baisse de 4% par rapport à 2023. L’ex-fleuron de la tech, dont le cours de l’action en Bourse a chuté de plus de 90% depuis le début de l’année, compte donc sur la réalisation de son plan de restructuration entre novembre et décembre 2024 voire janvier 2025 au plus tard, pour redresser la barre et éviter le naufrage. Ce plan, voté début septembre par les créanciers et les actionnaires, prévoit un allègement de la dette de 3 milliards d’euros, sur un total de près de 5 milliards, une augmentation de capital et une dilution «massive» des actionnaires. Une mission confiée à Philippe Salle, qui prendra les rênes opérationnels d’Atos à partir du 1er février 2025. «Il est la meilleure personne pour piloter notre transformation, définir notre stratégie industrielle à long terme, et bien sûr, restaurer la confiance en Atos», a indiqué Jean-Pierre Mustier, actuel DG du groupe. M. Mustier dit déjà voir des signaux positifs et s’attend à «une activité commerciale plus soutenue au cours du 4T», grâce «au retour attendu de contrats stratégiques pluriannuels avec certains de nos gros clients», a-t-il détaillé. Malgré la confiance affichée, relancer la machine Atos ne sera pas de tout repos. Si la cession au groupe français d’ingénierie Alten de Worldgrid, filiale hautement critique qui conçoit les systèmes de pilotage des centrales nucléaires, est toujours sur les rails et devrait être finalisée d’ici la fin de l’année, d’après Atos, les discussions avec l’Etat sur la cession des «activités stratégiques» traînent en longueur. En juin, l’Etat français avait fait une offre de 700 millions d’euros pour éviter que ces activités sensibles, qui comprennent notamment les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, ne tombent entre les mains d’acteurs étrangers. Une proposition qui n’était pas au goût d’Atos, qui a fourni à l’Etat une offre révisée. «Etant donné le discours actuel de l’Etat sur la dette, il ne risque pas d’être très généreux et Atos n’est pas en position de force vu qu’il n’y a qu’un acheteur», analyse Lionel Melka, associé-gérant chez Swann Capital. Les deux parties ont indiqué poursuivre les négociations.