Les Emirats arabes unis prévoient de lancer de nouveaux modèles d’intelligence artificielle (IA) inspirés de DeepSeek, a déclaré un responsable émirati, qualifiant l’émergence du système chinois, concurrent de ceux de l’américain OpenAI, le créateur de ChatGPT, de «nouvelle fantastique». Fayçal al-Bannai, la force motrice derrière le modèle émirati Falcon, un modèle open source qui rivalise avec les produits américains, a souligné que le défi lancé par DeepSeek aux géants américains de la technologie montrait que le champ était largement ouvert dans la course à la suprématie dans le domaine de l’IA. La monarchie du Golfe, riche en pétrole, mise beaucoup sur cette technologie dans le cadre de ses efforts pour diversifier son économie en desserrant ses liens avec les combustibles fossiles. M. Bannai s’est dit encouragé par DeepSeek, le robot conversationnel chinois très performant et apparemment peu coûteux, qui a fait irruption et stupéfié en janvier la Silicon Valley par sa capacité à égaler ses concurrents américains. «C’est une nouvelle fantastique. Cela prouve une chose: ce jeu n’en est qu’à ses débuts», s’est réjoui M. Bannai en marge du Sommet mondial des gouvernements organisé à Dubaï. Falcon a été lancé en 2023 par l’Institut d’innovation technologique (TTI) d’Abou Dhabi et se compare aux leaders de l’industrie, notamment à ChatGPT. «Ce qui s’est passé avec DeepSeek est une nouvelle preuve que de petites équipes, des équipes agiles de pays agiles, peuvent agir rapidement et avoir un impact», a déclaré M. Bannai, conseiller présidentiel pour les technologies avancées. «Nous en tirons des enseignements et nous lancerons également d’autres modèles dans ce domaine», a-t-il ajouté, estimant que DeepSeek avait donné «un sentiment d’encouragement en montrant qu’il est possible de se surpasser» dans ce domaine. Parallèlement à Falcon, les Emirats ont développé «Jais», un chatbot d’IA en langue arabe, et ont largement automatisé les services gouvernementaux. Ils sont également actifs dans l’investissement, promettant des dizaines de milliards de dollars ces dernières semaines pour construire des centres de données en France et aux Etats-Unis. M. Bannai, qui est également secrétaire général du Conseil de recherche sur les technologies avancées, basé à Abou Dhabi, a déclaré que la richesse des Emirats, leur capacité à attirer les talents et leur mode de prise de décision centralisé, pourraient en faire un acteur sérieux dans le domaine de l’IA. «Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une situation fantastique où nous disposons d’un écosystème diversifié en tant que pays, avec des talents venant de partout (…) Nous disposons, en outre, d’une excellente base numérique qui fait de nous un pays moderne dans ce domaine», a-t-il encore dit. «Nous sommes dans une position extraordinaire pour progresser très rapidement à une époque où les gens prennent parfois du temps pour décider», se félicite-t-il. Sur la régulation du secteur, M. Bannai a semblé partager la position des Etats-Unis, dont le vice-président J.D. Vance a mis en garde, mardi au Sommet de Paris sur l’IA, contre une «régulation excessive» susceptible de «tuer une industrie en plein essor». Les Etats-Unis et le Royaume-Uni n’ont d’ailleurs pas signé la déclaration finale du sommet appelant à une IA «ouverte» «inclusive» et «éthique». «Penser qu’un pays seul peut réguler l’IA est une illusion, car si vous imposez des règles, d’autres ne le feront pas de la même manière», a estimé M. Bannai. «En ce qui concerne l’IA, je pense que la régulation doit commencer par quelques domaines importants sans pour autant étouffer la croissance».