Les Gafa, les grands gagnants de la pandémie

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This photograph taken on September 28, 2017, shows a smartphone being operated in front of GAFA logos (acronym for Google, Apple, Facebook and Amazon web giants) as background in Hédé-Bazouges, western France. (Photo by Damien MEYER / AFP)

 Amazon, Alphabet (Google) et Facebook ont de nouveau dégagé des profits flamboyants pendant le trimestre écoulé, malgré les pressions politiques et la pandémie, mais ces milliards engrangés et ces investissements en pagaille ne plaident pas forcément en leur faveur face aux élus qui appellent à les démanteler. Amazon, grand gagnant des mesures de confinement, a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 37%, à plus de 96 milliards de dollars au troisième trimestre. Peut mieux faire, a répondu Wall Street, déçu par des prévisions jugées trop timides pour la saison des fêtes : le titre du géant du commerce en ligne reculait de 1,87% jeudi lors des échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse. La firme de Seattle a indiqué avoir créé 400.000 emplois depuis le début de l’année dans le monde et mentionné des «projets pour investir des milliards de dollars pour aider les PME à réussir» sur sa très populaire place de marché. Mais aux yeux de nombreux régulateurs, la plateforme abuse de son rôle de «juge et partie». Elle fait l’objet de nombreuses enquêtes sur des soupçons de pratiques anti-concurrentielles, tout comme les grandes sociétés de la Silicon Valley, Google, Apple et Facebook.«L’ironie, c’est que les résultats robustes (…) vont mettre en lumière leur puissance surdimensionnée, et, au final, alimenter les pulsions de démantèlement à Washington», analysait récemment Daniel Ives, de Wedbush Securities. Pas de chance donc pour Google et Facebook, les deux leaders mondiaux de la publicité numérique, qui ont aussi explosé les compteurs. Alphabet a engrangé un chiffre d’affaires de 46,2 milliards de dollars (+14%), pour un bénéfice net de 11,2 milliards. Les marchés ont apprécié : son titre décollait de 6%. Mais le ministère de la Justice et 11 Etats américains viennent de lancer des poursuites contre le groupe californien, accusé d’abus de position dominante. La bataille juridique s’annonce très longue. «Nous pensons que nos produits créent des bénéfices significatifs et nous allons le faire valoir (…) Mais l’essentiel de notre énergie reste concentrée sur nos utilisateurs et la fabrication de super produits», a sobrement commenté le patron d’Alphabet, Sundar Pichai, lors d’une conférence aux analystes.Les sociétés technologiques ont surfé sur la crise sanitaire, qui a rendu leurs services encore plus incontournables dans la vie quotidienne, mais elles rappellent à l’envi que la situation aurait été bien plus difficile sans leurs outils, en bonne partie gratuits pour le grand public.