A. VIAU (TF1) : «Nous poursuivons notre volonté de «premiumisation» de nos fictions»

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Avec la fin de l’année qui se profile, TF1 réserve au public en 2021 de nombreuses nouveautés en matière de fictions, et notamment à travers des créations originales. En attendant, la chaîne privée installe depuis le 2 novembre en Access Prime Time, un bloc fiction avec «Ici Tout Commence» et «Demain nous appartient», un pari tout aussi stratégique qu’artistique. Tour d’horizon avec Anne VIAU, Directrice Artistique de la Fiction de TF1.

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«Ici Tout Commence» (Telfrance), votre nouvelle série quotidienne a fait l’objet d’un investissement très conséquent. Est-ce un pari aussi bien industriel qu’artistique ?

ANNE VIAU

Il s’agit d’une très belle et grande aventure qui a démarré il y a maintenant quelques mois, et qui s’est concrétisée le 2 novembre sur l’antenne de TF1. C’est un défi à la fois humain, artistique, industriel et éditorial. Fort du succès de «Demain nous appartient» (Telfrance), nous voulions créer un bloc fiction cohérent d’1 heure en Access Prime Time. En ces temps tourmentés, il est très important d’envoyer un signal fort à la filière, au métier et au public, à travers le lancement de ce feuilleton à 18h30. Non seulement, c’est un créateur d’emplois qui participe à la bonne santé économique locale mais aussi un incubateur de talents pour de jeunes comédiens, réalisateurs et auteurs. Nous avons choisi d’explorer l’univers gastronomique d’une école de cuisine, le tout saupoudré de soap, de rebondissements et de secrets de famille. Au casting, des comédiens reconnus comme Francis Huster, Vanessa Demouy, Frédéric Diefenthal, Elsa Lunghini, pour ne citer qu’eux, mais aussi des talents émergents à l’image de Clément Rémiens et Azize Diabaté.

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Comment se traduit votre ambition en matière de fiction en 2021 ?

ANNE VIAU

Nous voulons continuer à offrir le meilleur à nos téléspectateurs et pour cela, nous poursuivons notre volonté de «premiumisation» de nos fictions. Cela se traduit par une valeur de production toujours plus qualitative, des castings prestigieux, souvent issus du cinéma, des réalisateurs ambitieux et des projets qui marquent leur différence par la variété des sujets abordés et la façon dont ils sont racontés : nous n’hésitons pas à pousser les curseurs. Nous avons aussi envie de continuer à explorer de nouveaux genres, tels que la fiction historique ou encore le fantastique. Cette saison, nous allons présenter 28 nouveautés. L’ambition de TF1 est d’installer de nouveaux incarnants à l’image de «Balthazar» (Beaubourg Stories) ou de «Munch» (JLA). Nous travaillons actuellement avec Audrey Fleurot sur «HPI» (Septembre Productions/ Itinéraire Prod), un 8X52’ sur le destin d’une femme de ménage chamboulé lorsque ses capacités hors norme sont repérées par la police qui lui propose un poste de consultante. C’est le cas aussi avec «Le Remplaçant» (Exilene Films/Black Dynamite) avec JoeyStarr en prof de français iconoclaste. Ce sont des castings presque sur-mesure avec des comédiens qui sont souvent rares à la télévision.

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Pouvez-vous nous parler de quelques fictions «événement» en 2021 ?

ANNE VIAU

«Une affaire française» (Cheyenne Federation), une mini-série de 6X52’, inspirée de l’affaire du petit Grégory, qui a bouleversé le pays et divisé l’opinion publique. Cette série va, je l’espère, marquer les téléspectateurs par son traitement sans parti pris et son casting prestigieux (Guillaume de Tonquédec, Gérard Jugnot, Michaël Youn,…). Dans un registre différent, «La promesse» (Sortilèges Productions, 6X52’) racontera une enquête entre deux époques, avec Sofia Essaïdi et Olivier Marchal. Nous avons commandé auprès de Escazal Films, «Syndrome E», adaptée des romans de Franck Thilliez. Ce sera le début d’une anthologie racontant les aventures des deux héros, Sharko et Lucie, iconiques de l’œuvre de Thilliez, qui enquêtent dans le monde glaçant des neurosciences. Parmi les autres projets, «Un homme d’honneur» (Federation Entertainment) avec Kad Merad et Gérard Depardieu qui vont s’affronter. Nous avions envie aussi de nous emparer du genre fantastique avec «Plan B» (Gaumont TV), une histoire de voyage dans le temps. Dernier tournage à démarrer, «Fugueuse» (VEMA Productions) qui traitera de la prostitution adolescente.

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Tous vos unitaires sont-ils 100% sociétaux ?

ANNE VIAU

Non, c’est assez diversifié. «Le saut du diable» (CPB FILMS/Yellow Butterfly) avec Philippe Bas est un film d’action, «Il était une fois Monaco» (Beaubourg Stories) avec Rayane Bensetti est une comédie romantique. Après, il est vrai que l’unitaire est le bon format pour raconter des histoires fortes autour de grandes thématiques sociétales. A l’avenir, nous aborderons la dysphorie de genre avec «Il est elle» (And So On Film), la question des enfants placés avec «Le talon d’Achille» (UGC Fiction) ou encore «Au-dessus des nuages» (Exilène Films) sur le handicap.

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Le format de 26’ en Prime vous intéresse-t-il ?

ANNE VIAU

Tout m’intéresse à partir du moment où nous avons un véritable coup de cœur pour le projet. Le public français est habitué à ce qu’on lui offre une soirée complète de 2X52’. Le format de 26’ en Prime va un peu à l’encontre des habitudes de consommation du téléspectateur. Mais si un projet venait à nous taper dans l’œil, on ne se l’interdirait pas.

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Le renouvellement de vos héros, est-ce une priorité ?

ANNE VIAU

Il y a une réelle volonté de mettre en scène des héros et des héroïnes extrêmement identifiants avec des failles, des complexes et dont on va se souvenir. Notre ambition, c’est la diversité des personnages. Nous voulons raconter la société dans toute sa diversité avec des personnages issus de toutes les classes sociales et de tous les horizons. C’est ce qui fait notre force.