Les Molières ont sacré dimanche soir à Créteil une légende vivante du théâtre français, Laurent Terzieff, symbole d’une 24ème édition au palmarès plutôt bien partagé entre les deux familles du spectacle, le public et le privé. La grande fête annuelle du théâtre avait cherché à corriger son image parisianiste en se décentralisant pour la 1ère fois en banlieue, à la Maison des arts de Créteil (MAC), lors d’une soirée retransmise en direct sur France 2. Sur cette grande scène publique, la soirée a commencé de manière inédite avec une courte pièce de Feydeau («Feu la mère de Madame») mise en scène par un héros récurrent du théâtre… privé, Jean-Luc Moreau, et jouée par des acteurs télégéniques, comme Patrick Chesnais et Emmanuelle Devos. France 2 a ainsi pu retarder la très protocolaire remise de prix, qui avait enregistré une audience décevante l’an passé (moins de 1,5 million de téléspectateurs). Les trophées ont été décernés à un rythme soutenu par Michel Drucker et sa nièce Marie, sous la présidence d’honneur de Line Renaud. Acteur incandescent au visage émacié, Laurent Terzieff, qui fêtera ses 75 ans en juin, a été sacré comédien pour deux rôles différents dans les deux familles du théâtre, «L’Habilleur» (qui lui a valu aussi le Molière du théâtre privé) et «Philoctète» (secteur subventionné). La dernière création du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, «Les Naufragés du Fol Espoir», a elle aussi décroché deux Molières, ceux du théâtre public et des meilleurs costumes, inspirés de la Belle Epoque. Le spectacle «La Nuit des rois» de Shakespeare mis en scène par Nicolas Briançon, qui partait favori avec sept nominations, n’a finalement pas obtenu plus de deux distinctions, de même que «Les 39 marches» réglées par Eric Métayer et «La Serva Amorosa» de Goldoni.