L’Etat demande 80 millions d’euros d’économies supplémentaires aux groupes audiovisuels publics pour 2018

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L’Etat demande 80 millions d’euros d’économies supplémentaires aux groupes audiovisuels publics pour 2018, l’essentiel étant supporté par France Télévisions, affirme Le Monde dans son édition datée de mercredi. France Télévisions devra économiser autour de 50 millions d’euros l’an prochain, Radio France 20 millions, Arte 5 millions et France Médias Monde (France 24, RFI) «quelques millions», des sommes qui pourraient évoluer, les discussions entre le gouvernement et ces entreprises étant encore en cours, indique «Le Monde».

Selon le quotidien, la ministre de la Culture Françoise Nyssen a reçu jeudi dernier les dirigeantes de France Télévisions, Arte et France Médias Monde et le patron de Radio France pour leur annoncer ces nouvelles mesures d’économies qui ne sont pas prévues dans les contrats d’objectifs et de moyens (COM) conclus avec l’Etat sous la précédente mandature. Contactés, ni le ministère de la Culture, ni France Télévisions, ni Bercy n’ont souhaité commenter cette information. Bercy a en revanche confirmé qu’aucune refonte de la redevance n’était prévue cette année, contrairement à ce que réclamaient les dirigeants de l’audiovisuel public. «Voilà des années que les entreprises publiques sont soumises à des plans d’économies successifs qui ont saigné à blanc leurs effectifs, remis en cause leurs missions et entravé leurs capacités de développement», a dénoncé dans un communiqué la CGT de France Télévisions (premier syndicat du groupe), qui fustige également «l’absurde suppression de la publicité après 20H qui a amputé le groupe de plusieurs centaines de millions d’euros de ressources». FO Médias déplore de son côté une situation de l’audiovisuel public «très inquiétante» où «les organisations syndicales maintiennent tant que faire se peut le lien social alors que les salariés sont sur les genoux». Dans le COM 2016-2020, l’Etat s’est engagé à augmenter sa dotation à France Télé de 63 millions d’euros tandis que le groupe prévoyait un plan d’économies de 65 millions d’euros, qui passait notamment par la suppression de 500 postes d’ici 2020. Le groupe audiovisuel, qui planche sur plusieurs projets dont le lancement d’un service de SVOD (vidéo à la demande par abonnement) et la création d’une plateforme d’offre culturelle avec Radio France, s’est en outre engagé à investir au moins 420 millions d’euros par an dans la production d’oeuvres françaises. «Le gouvernement porterait une lourde responsabilité s’il ne confortait pas ce rôle historique et majeur du service public», a souligné dans un communiqué la société d’auteurs SACD. «Cet affaiblissement (…) serait d’autant plus dommageable qu’en période de mutation et d’incertitudes sur le paysage audiovisuel, confronté en particulier à de nouvelles concurrences, l’audiovisuel public constitue un pôle de stabilité indispensable pour l’audiovisuel français et la création», a-t-elle ajouté. Le COM de Radio France (2015-2019) prévoit un plan d’économies et le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux en 2016 et 2017, puis le non-remplacement d’un départ sur trois en 2018. Pour 2017, les crédits affectés à l’audiovisuel public par l’Etat s’élèvent à 3,9 milliards d’euros, dont environ 2,6 milliards pour France TV et 625 millions d’euros pour Radio France.