L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a condamné mercredi «l’interpellation arbitraire» de trois journalistes en Ethiopie du média en ligne, détenus pendant plusieurs heures jeudi dernier, ainsi que la saisie de leur matériel de travail qui ne leur a «toujours pas été restitué». L’ONG «condamne l’interpellation arbitraire le 17 avril dernier des trois employés du Addis Standard, un des médias les plus lus d’Éthiopie», selon un communiqué. «L’organisation est inquiète de la saisie de leur matériel de travail, qui ne leur a toujours pas été restitué et qui continue d’être soumis à des fouilles numériques», a-t-elle poursuivi, en dénonçant des «pratiques dangereuses». Dans un communiqué publié sur X, Addis Standard avait affirmé que des policiers avaient fait une descente au siège du journal et saisi notamment six ordinateurs portables et huit téléphones. Un membre du service informatique, dont le domicile a été perquisitionné à 05H00 du matin, a été «malmené physiquement», selon le communiqué d’Addis Standard. RSF «appelle les autorités éthiopiennes à rendre les différents équipements saisis». Fin mars, sept journalistes d’un média privé avaient été placés en détention pour une enquête pour terrorisme – «une réponse disproportionnée», avait critiqué le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Les autorités d’Éthiopie, géant d’Afrique de l’Est de quelque 130 millions d’habitants, sont régulièrement critiquées par les ONG de défense des droits humains pour la répression des voix dissidentes. Le pays pointe au 141e rang sur 180 dans le classement établi en 2024 par RSF, qui évoque une «autocensure largement répandue», tout en notant un système plus «ouvert et pluraliste» que sous le régime précédent. Le Premier ministre Abiy Ahmed, arrivé au pouvoir en 2018 et qui a obtenu l’année suivante le prix Nobel de la paix, a vu son aura pâlir lors de la guerre dans la région septentrionale du Tigré. Ce conflit, l’un des plus meurtriers de ces dernières décennies, a opposé entre novembre 2020 et novembre 2022 les rebelles tigréens aux forces fédérales et fait au moins 600.000 morts. Les prochaines élections législatives dans le pays sont prévues en 2026.