M6/ TF1 : Emmanuelle Béart et Muriel Robin, la télé jette une lumière crue sur l’inceste

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Un documentaire d’Emmanuelle Béart dimanche sur M6, une fiction avec Muriel Robin le 2 octobre sur TF1: deux programmes télé grand public jettent une lumière crue sur l’inceste, sujet sociétal majeur de la rentrée. Leur diffusion coïncide avec le lancement mi-septembre par le gouvernement de la 1ère campagne sur ce sujet, et la publication jeudi par la Commission Inceste (Ciivise) d’une analyse de 27.000 témoignages reçus en deux ans. Coréalisé par Emmanuelle Béart et Anastasia Mikova, «Un silence si bruyant» passera dimanche à 23h10 sur M6. Ce documentaire recueille la parole de 4 victimes d’inceste. En écho, Emmanuelle Béart livre des éléments de sa propre histoire en révélant avoir vécu ce traumatisme entre 10 et 14 ans. L’actrice de 60 ans ne dévoile pas l’identité de son agresseur, mais a précisé qu’il ne s’agissait pas de Guy Béart, son père chanteur décédé en 2015. Les autres témoins sont Norma, violée enfant par son grand-père, Pascale, qui a occulté jusqu’à la cinquantaine les abus infligés par son père, Sarah, dont l’ex-compagnon a abusé de leur petite fille entre 4 et 8 ans, et Joachim, qui accuse ses parents d’inceste, ce qu’ils nient. Selon Emmanuelle Béart, l’enjeu est de savoir comment «la société peut et doit répondre à cette prise de parole». Cette réponse doit être «politique et sociétale, j’espère que notre film y contribuera», avait-elle lancé lors de la présentation du film à la presse début septembre. Pour Sarah, l’une des priorités est d’améliorer le fonctionnement de la justice. Elle lui reproche de n’avoir pas assez pris en compte la parole de sa fille et d’elle-même, et d’avoir tardé à retirer l’enfant des griffes de son père et agresseur. «C’est une double peine, on est dans une maltraitance de la part de l’agresseur et une maltraitance institutionnelle», déclare-t-elle, en indiquant avoir intenté une procédure contre l’Etat. «Aujourd’hui, ma fille a 12 ans, elle est en phase de reconstruction et je l’accompagne de tout mon amour pour lui permettre d’avancer», ajoute-t-elle. Autre témoin du documentaire, Norma raconte comment se réparer après l’inceste dans un spectacle d’humour, «Norma(le)», qui reprendra le 27 septembre au Théâtre du Marais à Paris. «J’avais deux choix: soit me faire attraper par la torpeur de ce que j’avais vécu, soit la sublimer. Je l’ai sublimée en faisant des blagues», dit-elle. «Ça a anéanti notre vie, c’est indéniable, mais on n’a pas que ça, heureusement: on est aussi des gens qui aimons faire l’amour, avoir des relations aux autres; on ne fait pas que pleurer», souligne-t-elle. Huit jours après «Un silence si bruyant», TF1 diffusera le 2 octobre à 21h10 une fiction au titre proche, «Les yeux grands fermés». Plus qu’un film sur l’inceste, c’est un film sur le déni de l’inceste. Très convaincante, Muriel Robin y incarne une grand-mère déchirée par un dilemme: doit-elle croire son petit-fils de 6 ans, qui semble être victime d’inceste, ou son fils et père du petit garçon (joué par l’impressionnant Guillaume Labbé), qui le nie farouchement? Ce film «permettra certainement d’amener une discussion à l’intérieur de la famille. Chacun va pouvoir se questionner, réfléchir, prendre conscience. La télé joue là un rôle essentiel», a déclaré l’actrice, citée dans le dossier de presse de TF1. «On est à l’aube d’un début d’éveil des consciences. Car si les chiffres de la réalité de cette situation existent, le silence demeure», a-t-elle déploré. Un mouvement de libération de la parole sur l’inceste s’est enclenché après la parution du livre «La Familia grande» de Camille Kouchner début 2021. Selon la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), lancée dans la foulée, 160.000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France et 5,5 millions d’adultes l’ont été dans leur enfance, le plus souvent au sein de leur famille.