Venise passe la seconde: un vétéran du cinéma et un revenant, l’Américain Michael Mann et le Français Luc Besson, entrent en piste jeudi pour animer la course au Lion d’Or. Quelques étoiles vont enfin s’allumer dans le ciel du plus ancien festival de cinéma du monde, privé de ses principales stars en raison de la grève des scénaristes et des acteurs hollywoodiens.
Ce mouvement historique, qui paralyse l’industrie américaine du cinéma et se ressent au-delà, leur interdit de faire la promotion des films, sauf dérogation pour certaines productions indépendantes. C’est justement à ce titre que le tapis rouge du Lido doit retrouver un semblant de glamour avec la venue attendue d’Adam Driver.
L’acteur met sa présence magnétique au service de «Ferrari», un biopic consacré au fondateur de la marque de bolides italienne, Enzo Ferrari. Le Kylo Ren de «Star Wars», qui a séduit ces dernières années Ridley Scott, Jim Jarmusch ou Leos Carax, a cette fois été recruté par un vétéran du cinéma américain, Michael Mann, 80 ans. Le réalisateur, qui avait déjà co-produit «Le Mans 66» sur la célèbre course automobile, a choisi de raconter le couple que formaient Enzo Ferrari et son épouse Laura, interprétée par Penelope Cruz. En France, le long-métrage ne sortira pas en salles mais directement sur la plateforme Amazon Prime Video. Assez peu sélectionné en festival malgré des films entrés dans la légende de Hollywood, comme «Heat» avec son face-à-face entre De Niro et Al Pacino et «Collateral» avec Tom Cruise en tueur à gages, Michael Mann est le premier Américain à faire son entrée dans la course au Lion d’or cette année. Un Français connu des deux côtés de l’Atlantique lui succèdera dans la soirée : Luc Besson, 64 ans, grand brûlé du cinéma, tente un comeback avec «Dogman», lui aussi en compétition. Le réalisateur et producteur, auteur de succès populaires comme «Le Cinquième Élément», «Le Grand Bleu» ou «Lucy», qui rêvait d’un destin hollywoodien, a enchaîné les avanies ces dernières années. Les échecs commerciaux, avec le flop de sa superproduction «Valérian et la cité des mille planètes», ont failli avoir la peau d’EuropaCorp, la société qu’il rêvait de voir concurrencer les grands studios américains.
Sur le plan judiciaire, il a dû faire face en 2018 à des accusations de viol portées par l’actrice Sand van Roy. Mais son ciel s’est dégagé ces derniers mois: en juin, la justice française a mis un point final à l’affaire, la Cour de cassation écartant définitivement les accusations qui le visaient. Besson joue donc gros à Venise, où il espère écrire une nouvelle page de sa tumultueuse carrière internationale, avec un film qui s’inscrit dans sa veine noire, comme «Subway», «Nikita» ou «Léon». «Dogman», autour duquel le secret a été bien gardé, raconte l’histoire d’un enfant meurtri qui trouve son salut dans l’amour des chiens. Dans le rôle principal, l’un des espoirs du cinéma indépendant américain, Caleb Landry Jones, vu dans «Get Out» et prix d’interprétation à Cannes en 2021 pour «Nitram», est lui aussi attendu sur le tapis rouge. Auparavant, les festivaliers auront pu découvrir «El Conde», du Chilien Pablo Larrain, l’un des trois films de la compétition produits par Netflix, présent une fois de plus en force à la Mostra.