Free bouscule une fois de plus le marché avec Free TV, sa nouvelle application gratuite regroupant plus de 170 chaînes, 25 000 programmes en replay et une offre cinéma inédite. Avec cette plateforme accessible à tous – abonnés ou non -, l’opérateur réaffirme sa vision : simplifier l’accès aux contenus et libérer les usages numériques. Nicolas Thomas, Directeur Général de Free, revient pour Média+ sur la philosophie, la stratégie et les ambitions derrière ce lancement surprise.
MEDIA +
En lançant Free TV, vous vous attaquez au marché déjà saturé des plateformes de streaming et d’agrégateurs. Quelle est la vision stratégique derrière cette offre gratuite ?
NICOLAS THOMAS
L’objectif de Free TV, c’est d’être l’application de télévision de référence. On veut proposer la plus grande offre TV gratuite du marché, et c’est exactement ce qu’on a fait. Ce projet s’inscrit dans la continuité de ce que Free a toujours fait. «Free», en anglais, ça veut dire à la fois libre et gratuit. C’est notre histoire depuis 25 ans. Notre première offre, en 1999, c’était un accès gratuit et illimité à Internet. Depuis le début, on répond à la même question : comment libérer les usages du numérique et rendre accessibles au plus grand nombre les technologies les plus avancées ? C’est ce que nous faisons encore avec Free TV.
MEDIA +
Vous vous inscrivez donc dans la continuité de cette promesse historique : simplifier l’accès à la technologie et casser les codes du marché ?
NICOLAS THOMAS
Exactement. Nous avons lancé une offre gratuite avec 170 chaînes, dont 16 chaînes de la TNT, et 25.000 programmes en replay. Nous avons aussi intégré notre service de vidéo à la demande, rebaptisé Free Ciné, qui compte plus de 500 films et 1.000 épisodes de séries. Tout cela est désormais accessible depuis une seule application, pour tous : abonnés ou non. Et pour ceux qui souhaitent aller plus loin, il existe Free TV+, une version premium à 0,99 € par mois pendant 12 mois, puis 5,99 €, donnant accès à plus de 300 chaînes, dont 25 chaînes de la TNT et des chaînes habituellement payantes comme RTL9, MTV, Disney Channel ou National Geographic. On y retrouve aussi 45.000 programmes en replay et tout le catalogue de Free Ciné.
MEDIA +
Comment envisagez-vous la rentabilité de Free TV et les leviers économiques qui permettront d’assurer son développement à long terme ?
NICOLAS THOMAS
Pour être honnête, je ne sais pas encore. Mais notre point de départ est toujours le même : partir de l’utilisateur. Comprendre ce qu’il veut: de la simplicité, de la générosité, de l’innovation, et pas d’engagement. Nous avons la chance d’avoir une grande expertise interne en matière de diffusion télé, de plateformes et de streaming, ce qui nous permet d’innover à un coût probablement inférieur à celui d’autres acteurs. Ensuite, la question est de savoir comment rentabiliser tout cela. D’abord, cela renforce la notoriété de la marque, attire de nouveaux utilisateurs vers nos offres box ou mobile. Ensuite, il y a la publicité, notamment sur Free Ciné. Et puis, Free TV va continuer à évoluer et s’enrichir. L’offre d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain. On va éditorialiser, ajouter des contenus en lien avec l’actualité et les événements. Peut-être qu’au fil du temps, d’autres sources de revenus viendront compléter le modèle.
MEDIA +
Comment construisez-vous cette programmation et vous différenciez-vous des autres acteurs?
NICOLAS THOMAS
Chez Free, on adore la concurrence ! Elle nous stimule. Nous sommes nés de la concurrence et nous grandissons grâce à elle. Nous avons voulu créer l’offre gratuite la plus large du marché, avec des chaînes qu’on ne peut pas retrouver gratuitement ailleurs comme Society Plus, Auto Plus TV, Marmiton TV ou encore L’Esprit Sorcier TV, la chaîne de Jamy dédiée à la science et à l’environnement. Côté cinéma, Free Ciné met en avant des têtes d’affiche et une programmation événementielle. C’est un travail de fond permanent: aller voir les éditeurs, négocier les droits, enrichir les catalogues. Le lancement est une première étape, mais l’objectif est d’offrir l’expérience la plus riche possible sur la durée.
MEDIA +
Free TV pourrait-il un jour être exporté sur vos autres marchés européens ?
NICOLAS THOMAS
Nous desservons plus de 60 millions d’abonnés en Europe via nos offres box et mobile. Pour l’instant, ce n’est pas prévu, mais rien n’est exclu. Nous avançons par étapes. Si Free TV fonctionne bien en France, pourquoi ne pas l’imaginer ailleurs ? C’est ce que nous avions fait avec le mobile : lancé en France en 2012, puis en Italie en 2018, où j’ai eu la chance de piloter le projet pendant six ans. Aujourd’hui, nous avons 12,5 millions d’abonnés Mobile en Italie. Donc oui, nous pouvons rêver.
MEDIA +
Votre arrivée a suscité une réaction forte de TF1 et France Télévisions, évoquant une «méthode brutale et unilatérale». Quelle est votre position face à cette critique ?
NICOLAS THOMAS
Nous avons en effet pris connaissance de leur communiqué avec étonnement. Nous travaillons avec ces groupes depuis plus de vingt ans et disposons de contrats clairs nous autorisant à diffuser leurs chaînes. Free a été le premier distributeur à rendre accessibles les chaînes de la TNT sur Internet, et nous collaborons constamment avec les éditeurs pour améliorer la visibilité de leurs contenus. Ce que nous voulons, c’est simplifier une expérience aujourd’hui trop fragmentée, avec des chaînes et plateformes éparpillées. Free TV et Free TV+ répondent à cette problématique en rassemblant les contenus dans une interface unique. Notre mission reste la même : rendre les contenus accessibles au plus grand nombre, dans le respect du dialogue et des partenariats. Je suis certain que tout cela s’apaisera.
MEDIA +
Avec Free TV, vous devenez un acteur de la distribution de contenus. Faut-il y voir les prémices d’une stratégie plus large d’intégration entre opérateur, agrégateur et diffuseur ?
NICOLAS THOMAS
On ne s’interdit rien, c’est vrai. Nous avons déjà tenté plusieurs expériences, comme Free Foot, avec les droits quasi-directs de la Ligue 1. Le service a très bien fonctionné, mais les droits n’ont pas pu être renouvelés. Chez Free, on aime tenter, expérimenter, innover. Certaines expériences durent, d’autres sont temporaires, mais elles nourrissent toutes notre vision : rendre les technologies plus simples, plus accessibles, plus humaines.



































