La société américaine Netflix, qui loue des films en DVD et en streaming sur internet, aurait du mal à s’implanter en France, a estimé mardi le spécialiste Gilles Fontaine, soulignant qu’elle aurait à affronter une réglementation hostile. «Techniquement parlant, on ne peut pas faire de Netflix en France sur le cinéma compte tenu de la chronologie des médias: on ne peut rien proposer à moins de 36 mois après la sortie en salles des films et donc on est très loin en termes de fraîcheur des programmes», a souligné le directeur adjoint de l’Idate en présentant une étude sur les perspectives mondiales du secteur audiovisuel d’ici 2020. «Aujourd’hui, il est donc difficile d’envisager l’émergence d’un service de vidéo à la demande par abonnement à la Netflix qui par exemple viendrait se positionner juste après Canal+», la chaîne payante leader sur le cinéma, a-t-il ajouté. L’expert de la société de recherches et conseil sur les médias et les télécoms a par ailleurs émis des doutes sur le modèle de la société, en rappelant que «l’essentiel de ses revenus continue de provenir de la location de DVD». Surtout, Netflix «a obtenu des droits intéressants grâce à une conjoncture extrêmement particulière» en rachetant au groupe de télévision à péage Star ses droits pour la télévision à la demande, payés 35 millions d’euros il y a plusieurs années. «Si le contrat avec Star était renouvelé aujourd’hui, ils vaudraient 350 millions de dollars», a-t-il affirmé. «Il y a en ce moment un questionnement chez les studios pour savoir s’ils vont laisser le modèle Netflix prospérer», a-t-il encore dit, ce qui menace selon lui «la pérennité du modèle». En outre, «aller obtenir aujourd’hui pour Netflix les droits des programmes récents en Europe va être compliqué», selon M. Fontaine.
