«Novembre», cinq jours de traque à la recherche des terroristes du 13-novembre à Paris en salle mercredi

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Cinq jours de traque fébrile, à la recherche des terroristes du 13-novembre à Paris, dans un polar pied au plancher: «Novembre», l’un des films les plus attendus de l’automne, sort mercredi en salles, avec Jean Dujardin et Sandrine Kiberlain. Ce nouvel opus de Cédric Jimenez («Bac Nord», 2,2 millions d’entrées) revient sur les attentats les plus meurtriers jamais perpétrés sur le sol français, avec 130 morts en une soirée à Paris et en Ile-de-France. «Un traumatisme d’une violence inouïe», qui rend ce film «important», déclarait Cédric Jimenez lors de la présentation (hors compétition) du film au festival de Cannes, en mai. «Novembre» est l’une des oeuvres abordant le plus directement la période des attentats, dont le cinéma commence à s’emparer sept ans après. «Revoir Paris», avec Virginie Efira et Benoît Magimel, sorti début septembre, adoptait le point de vue des victimes et imaginait un attentat fictif dans une brasserie, sans montrer le visage des tueurs mais seulement leurs jambes. Un troisième film, «Vous n’aurez pas ma haine» avec Pierre Deladonchamps, inspiré du témoignage d’Antoine Leiris, compagnon d’une victime de l’attaque du Bataclan, sortira le 2 novembre.Spécialiste du polar efficace, Cédric Jimenez confie avoir hésité à aborder le sujet du 13-Novembre, mais s’être laissé convaincre par le scénario d’Olivier Demangel, qui laisse totalement hors champ les attentats eux-mêmes. Un point de vue qui a aussi rassuré Sandrine Kiberlain, qui a avoué sa «réticence» au départ à accepter le rôle d’Héloïse, qui dirige la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, «par rapport à la proximité des faits». Le scénariste a initié le projet dès 2017, avec l’idée de «raconter l’onde de choc» qui a suivi le drame. Résultat: une immersion totale auprès des policiers, qui démarre en pleine soirée du 13 novembre et s’achève cinq jours plus tard, après l’assaut donné à Saint-Denis, où se réfugient les terroristes. Les coups de fil stressés, les gardes à vue et les perquisitions musclées s’enchaînent. Des bâillements et des coups de sang trahissent par moment la fatigue des personnages, sous pression de retrouver les hommes les plus recherchés de France avant qu’ils ne commettent d’autres attaques. Comme les policiers après les attentats, les personnages de «Novembre» sont dans un «tunnel», «au service de l’enquête»: le film ne montre rien de leur vie privée ou de leurs sentiments. Le réalisateur tenait à ce que les personnages ne partagent aucune intimité avec les leurs pendant cette traque, «car c’est vraiment ce qu’ils ont vécu 24h sur 24 sans interruption». Les seules scènes où l’émotion du massacre qu’a été le 13 novembre 2015 ressort sont celles de l’interrogatoire des survivants à l’hôpital. L’équipe elle-même a dû «mettre de côté ses émotions», a-t-il dit, «par exemple lorsqu’on a repassé la vidéo du président Hollande (pendant l’assaut du Bataclan), ça a fait remonter des choses». La cybersurveillance, l’expertise des policiers quelques mois seulement après l’attaque de «Charlie Hebdo» et de l’Hyper Cacher, et les outils technologiques sont peu de choses face à l’intuition, qui permet au personnage d’Inès (Anaïs Demoustier) de se fier au témoin-clé de l’affaire, malgré l’invraisemblance de ses dires.Ce témoin, joué par Lyna Khoudri, et inspiré de «Sonia», la jeune femme qui a permis à la police de localiser le chef des commandos du 13 novembre et vit désormais avec le statut de témoin protégé sous une fausse identité, a été au coeur d’un bras de fer. Rebaptisé Samia à l’écran, le personnage porte un voile islamique, ce qui ne correspond pas à la réalité, s’est plainte «Sonia», qui, après avoir saisi la justice, a obtenu à l’amiable des producteurs une mention à l’écran pour apporter cette précision.