O. RAVANELLO (Groupe TF1) : «L’info de TF1 et de LCI touche plus de 5,5 millions de personnes via les réseaux sociaux»

564
OLIVIER RAVANELLO

Expansion de l’info à travers les réseaux sociaux, complémentarité antenne/digital, mise en place d’un studio dédié pour le web, la stratégie digitale de l’information du Groupe TF1 se déploie pour toucher le plus grand nombre. L’occasion de nous entretenir avec Olivier RAVANELLO, Directeur de l’information digitale du Groupe TF1 qui nous livre sa vision et ses chantiers.

Quelle est aujourd’hui votre priorité sur le digital ? L’expansion de l’information à travers les réseaux sociaux ?

Oui, c’est effectivement l’un de nos axes prioritaires. Aujourd’hui l’info de TF1 et de LCI touche plus de 5,5 millions de personnes via les réseaux sociaux. Nous voulons allez encore plus loin, et surtout en direction d’un public plus jeune en étant présent sur toutes les plateformes : Facebook, YouTube, Twitter bien sûr mais aussi Instagram, TikTok et très bientôt Snapchat. Ces deux dernières années, nous avons repensé en profondeur l’offre mobile (site et application) de TF1 Info. Nous avons retravaillé la complémentarité du digital avec les antennes. Nous sommes allés par exemple encore plus loin autour des QR Codes à l’antenne. On a été les premiers à les utiliser comme une expérience d’information complémentaire. TF1 Info apporte aujourd’hui des éclairages qui aident le téléspectateur à suivre ce qui se passe sur l’écran de télé au même moment. 

Le multi-usages de l’information, vous y croyez ? 

Absolument ! Lorsqu’il y a deux événements concomitants dans l’actualité, nous pouvons facilement retransmettre leur diffusion en direct à l’antenne et sur le digital. L’avenir sera pour nous de proposer des usages regroupant différentes offres éditoriales. 

Pour toucher le plus grand nombre ? 

Oui, nous devons informer tout le monde, et de toutes les manières possibles. Quand je dis «tout le monde», c’est aussi aller chercher un public plus jeune via les réseaux sociaux. Dans un univers extrêmement concurrentiel, nous voulons faire émerger TF1 Info sur les réseaux, convaincre le jeune public qui n’a pas forcément été en contact avec des JT ou une chaîne info. Nos journalistes sont aujourd’hui capables de leur parler d’actualité – non pas en allant chercher une info qui va faire le buzz – mais en lui donnant une forme, une écriture, un angle et une durée adaptée.

Cela demande-t-il une organisation particulière ?

Oui, c’est un gros travail que l’on mène depuis trois ans. Ce rapprochement du travail des rédactions (350 journalistes) est quotidien. Le digital n’est pas un lieu où chacun peut faire ce qu’il veut. Il répond à des codes tout comme la télévision répond à des formats. Le public sur le digital est aussi exigeant que celui devant un écran de télévision. C’est juste une autre façon de faire de l’information. Les rédacteurs en chef du web assistent aux conférences de rédaction du 13 Heures et du 20 heures. Nous sommes dans la même temporalité de réflexion de l’info que les journaux. Ça ne veut pas dire que nous allons faire la même chose. Au contraire, nous essayons d’apporter quelque chose de plus. 

Votre travail est venu s’enrichir de la création d’un studio digital…

Un studio qui a vocation à produire de l’information spécifiquement pour les réseaux sociaux. Nous sommes dotés d’un plateau de tournage avec un fond bleu et des outils de montage et de motion design, des appareils 5D. Nous faisons beaucoup de motion design et de montage pour rentrer dans une écriture plus clipée et plus rythmée qui est celle des réseaux. Dans une maison comme TF1, il faut savoir intelligemment réutiliser les reportages et les sujets et les retravailler pour l’adresser sur le digital. La pire des situations serait de se retrouver demain avec une équipe de tournage de TF1 et un journaliste web qui auraient le même angle. Nous faisons en sorte de faire travailler les équipes ensemble. Le fruit de notre travail commence à s’illustrer : près de 400.000 abonnés sur TikTok par exemple avec des vidéos qui génèrent jusqu’à 4,5 millions de vues !

Votre travail s’illustre notamment à travers TF1 Info. Quels sont les premiers retours de votre refonte ?

Notre ambition de départ était de faire vivre l’offre d’info du Groupe TF1 sur le digital à travers deux offres assez complémentaires : la réactivité de l’info sur LCI, et la dimension reportages, approfondissement et pédagogie des journaux de TF1. Nous avons réuni tout cela sous une marque commune, TF1 Info. L’ergonomie du site est celle d’un fil d’info en continu qui donne une sensation de réactivité. Le site était pensé avant comme un décalque d’un site de presse avec sa série d’articles rangée par rubrique. Aujourd’hui, nous assumons ce que nous sommes, à savoir des professionnels qui fabriquent de l’image. Le site met en avant davantage de vidéos. Et le nombre de vidéos vues a considérablement progressé : 15 millions/ mois et 26 millions de visites mensuelles. 

Quel est votre défi maintenant ? 

Consolider notre référencement, et faire en sorte que notre application soit encore plus téléchargée (malgré des smartphones déjà bien remplis) et évidemment grandir encore sur les réseaux.

Développez-vous les podcasts natifs ?

Non, ce n’est pas la priorité aujourd’hui. Le podcast est un usage construit autour de communautés. Les plus populaires se structurent autour d’une personne et/ou d’une thématique précise. C’est à peu près le contraire de l’ADN de TF1 qui parle au plus grand nombre. Par ailleurs, cela demande un savoir-faire, des moyens et une énergie qui n’est pas inhérente à un média comme le nôtre.

Il y a deux ans vous nous disiez que le prochain pari consistera à craquer l’équation de l’équilibre économique d’un média digital. Où en êtes-vous ? Nous y sommes quasiment. La stratégie porte ses fruits. Il faut dire que nous avons accès à un catalogue de vidéos quasiment sans fin. Cette dynamique, nous parvenons à la trouver parce que nous essayons de faire travailler tout le monde ensemble, ce qui au passage permet de faire des économies d’échelle et permet surtout de créer une offre d’information cohérente de A à Z.