O. ZEGNA RATA (SPI) : « Le premier financeur du genre, France Télévisions, est dans une logique de réduction des coûts. Toute la filière est impactée »

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Comme à son habitude, le SPI a tenu une permanence lors du FIPADOC pour rencontrer les professionnels et les acteurs du genre documentaire. L’occasion pour média+ de revenir sur les revendications du SPI avec Olivier ZEGNA RATA, Délégué Général.

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Le SPI était présent au FIPADOC, quels étaient vos objectifs ?

Olivier ZEGNA RATA

Le FIPADOC est un moment important pour le SPI. Nous regroupons de nombreux producteurs indépendants qui sont présents au festival. Et nous avons de nombreux messages à faire passer lors de cet événement.

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Comment se porte le genre documentaire ?

Olivier ZEGNA RATA

Il y a de bonnes nouvelles, mais aussi des mauvaises. La réalité est que nous assistons à une croissance des capacités de production et à une reconnaissance du savoir-faire français à l’échelle internationale. Paradoxalement, les financements autour du genre documentaire sont en décroissance. Le premier financeur du genre, à savoir France Télévisions, est dans une logique de réduction des coûts. Le service public, avec Arte, est amené à ne pas investir davantage, notamment pour le genre documentaire. Toute la filière est alors impactée.

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Et côté chaînes privées, quel est le constat ?

Olivier ZEGNA RATA

Du côté des chaînes privées, le genre documentaire ne fait pas l’objet d’une hausse de financement. Rappelons que le financement des groupes privées pour le documentaire est très minime par rapport au service public. Nous avons aussi une déception du côté des plateformes. Après l’accord entre le Conseil supérieur de l’audiovisuel et les services de vidéos à la demande (Netflix, Amazon, Disney+, Apple TV) sur le financement de la création, de nombreux producteurs se sont insurgés. En effet, l’accord (décret smad) est effrayant pour le genre documentaire. Pour la filière, en 2022, Netflix devra allouer au minimum 0,6% de ses investissements audiovisuels dans le documentaire, Disney+ 1,5% et Amazon 0,9%. C’est dérisoire!

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Que pensez-vous de la fusion entre les groupes TF1 et M6 ?

Olivier ZEGNA RATA

Avant d’évoquer cette fusion, rappelons que la part de financement de ces deux groupes pour le genre documentaire est quasi inexistante. Cette fusion a une conséquence forte : ce nouveau groupe sera en position de domination du marché. Face à ce constat, nous avons besoin de contreparties. Nous proposons alors une idée que pourrait reprendre l’Autorité de la concurrence : la création d’une chaîne documentaire sur la TNT appartenant à ce nouveau groupe.

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Le numérique peut-il sauver le genre documentaire ?

Olivier ZEGNA RATA

Le numérique ouvre, en effet, de nouvelles perspectives, que ce soit sur un plan technique ou sur un plan d’exploitation. Le numérique ouvre la voie à de nouvelles forces d’écritures très intéressantes. En France, nous savons innover et nous sommes aussi reconnus sur ce point.