L’effondrement de la bourse d’échanges de cryptomonnaies FTX a provoqué une onde de choc dans le monde du sport où la plateforme avait tissé sa toile à coup de spots publicitaires et de partenariats. Depuis l’annonce de la faillite de l’entreprise la semaine dernière, de nombreuses organisations sportives, qui avaient conclu des partenariats avec l’entreprise déchue, se sont empressées de revenir sur leurs engagements. L’équipe de NBA du Miami Heat a ainsi suspendu ses relations commerciales avec FTX avec qui elle avait pourtant signé en mars 2021 un contrat de 135 millions de dollars pour l’octroi de droits de «naming». La salle où évolue la franchise floridienne, rebaptisée FTX Arena, va donc de nouveau changer de nom. Des photos partagées sur les réseaux sociaux montraient que le sigle de FTX avait déjà été démonté de l’enceinte. Mercedes, dont l’équipe de Formule 1 avait aussi conclu un accord de «naming» avec la plateforme, a pour sa part confirmé que le logo de FTX n’apparaîtrait plus sur ses voitures de course. La débâcle a également pris un tournant judiciaire: mercredi, un investisseur a porté plainte contre l’entreprise, son ex-patron Sam Bankman-Fried et plusieurs sportifs célèbres, dont le basketteur Stephen Curry et son équipe des Golden State Warriors, l’ancienne gloire de la NBA Shaquille O’Neal, la joueuse de tennis Naomi Osaka et le quarterback Tom Brady. Le plaignant accuse ces athlètes, qui ont tous associé leur image à la plateforme, d’avoir contribué à un «projet frauduleux […] conçu pour profiter d’investisseurs non avertis». Le comédien Larry David, figurant dans une publicité pour FTX diffusée lors du dernier Super Bowl, est aussi cité. Dans son recours collectif, déposé auprès d’un tribunal de Miami, l’investisseur estime à plus de 11 milliards de dollars les dommages subis par les consommateurs américains. FTX avait également fait une incursion remarquée dans l’univers du e-sport en nouant l’an dernier un partenariat de 210 millions de dollars sur 10 ans avec le groupe TSM, connu entre autres pour son équipe de joueurs de League of Legends. «Après avoir suivi la situation et discuté en interne, nous suspendons notre partenariat avec FTX avec effet immédiat», a annoncé mercredi l’entreprise. «Cela signifie que la marque FTX n’apparaîtra plus sur aucun des profils sur les réseaux sociaux d’organisations, d’équipes et de joueurs et qu’elle sera également supprimée de nos maillots», a-t-elle précisé. D’autres bourses de cryptomonnaies ont investi le monde sportif ces dernières années, bénéficiant de l’envolée du prix du bitcoin et des autres devises virtuelles à partir de 2020. C’est le cas de Crypto.com, présent dans le domaine des arts martiaux mixtes (MMA) ou de WhaleFin, sponsor du club britannique de football Chelsea FC. Pour John Fortunato, professeur à l’école de commerce de l’université Fordham à New York, la chute spectaculaire de FTX pourrait, à court-terme, refroidir les équipes et les athlètes voulant s’associer à un secteur en chute libre dont la réputation a été sérieusement écornée. «Il pourrait y avoir une certaine réticence à entrer dans cette catégorie de produits», affirme l’universitaire. Une régulation accrue des autorités américaines et européennes et une législation plus stricte pourraient également freiner quelques ardeurs. Toutefois, la crise du marché des devises virtuelles devrait avoir un impact financier assez limité pour les équipes et les athlètes ayant misé sur le secteur, estime M. Fortunato. «Les ligues sportives sont assez résilientes quand il s’agit de trouver des sources de revenus», explique le professeur de communications et de gestion des médias. «Elles sont toujours à la recherche d’opportunités et trouveront d’autres sponsors», ajoute-t-il.