Depuis quatre ans, l’offre régionale de France Télévisions connaît une transformation sans précédent: doublement du volume de diffusion, refonte des éditions d’information, montée en puissance des contenus régionaux sur les antennes nationales… Dernière avancée majeure, l’accord signé avec le SPI permet une augmentation historique de 50% du financement des documentaires régionaux. Philippe Martinetti, Directeur délégué des antennes et des programmes en charge de l’offre régionale de France Télévisions, revient sur cette dynamique et dévoile les prochaines étapes de cette stratégie ambitieuse.
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L’accord signé avec le SPI permet une augmentation de 50% du financement des documentaires régionaux, une avancée inédite après 11 ans de statu quo. Quelles sont les ambitions derrière cette revalorisation ?
PHILIPPE MARTINETTI
Cette revalorisation est le fruit d’une négociation constructive avec le Syndicat des Producteurs Indépendants (SPI). C’est important de le rappeler, car cela témoigne de notre engagement en faveur du documentaire régional. Notre ambition est claire : nous voulons structurer un véritable écosystème de production en région. Cela passe par un renforcement du maillage local des producteurs indépendants, l’émergence de nouveaux talents et l’accompagnement des premiers films. Nous avons à cœur de dynamiser économiquement l’ensemble des territoires, car soutenir le documentaire régional, c’est aussi soutenir les auteurs et les réalisateurs qui racontent ces histoires. En parallèle, nous avons une exigence forte en tant que service public: celle d’un soutien massif à la création indépendante. Cela se traduit par des financements dédiés, des appels à projets, comme dans le cadre du programme «Grains de doc». Enfin, sur le plan éditorial, nous souhaitons renforcer le positionnement des documentaires régionaux en mettant en avant des collections fortes et des récits marquants. Un exemple concret: «Le choix des armes», une collection proposée par 13 Prod et Wild Prod, dirigée par Ariane Chemin, qui sera diffusée en 2025. Autre exclusivité, et nous n’en avons pas encore parlé publiquement : un documentaire de Yann Arthus-Bertrand, prévu pour 2025, qui mettra en lumière les Français à travers leurs territoires. Ce sont des récits puissants, profondément ancrés dans les régions.
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Au-delà du financement, comment accompagnez-vous les producteurs?
PHILIPPE MARTINETTI
L’accompagnement est essentiel, mais au-delà, nous avons posé des actes concrets. Depuis le lancement de la régionalisation par Delphine Ernotte Cunci et Stéphane Sitbon Gomez en 2020, nous avons multiplié par deux le volume de diffusion régionale sur France 3, passant de 20.000 heures à plus de 40.000 en 2024. Ce doublement renforce notre ambition : produire plus, mieux, avec une approche éditoriale forte et une dynamique économique accrue dans les territoires. Un autre élément fondamental de notre stratégie est la décentralisation de l’offre. Nous avons donné aux 24 antennes régionales et aux 13 directions régionales une liberté éditoriale inédite, leur permettant de refléter pleinement la diversité des territoires. Elles sont ainsi en capacité d’innover, de créer, de piloter des formats en proximité avec les citoyens.
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On observe aussi une montée en puissance des programmes régionaux sur les antennes nationales: France 2, Culturebox, et même le Prime de France 3. Quel impact cela a-t-il sur la perception du public?
PHILIPPE MARTINETTI
L’impact est significatif. Un exemple récent : mi-janvier, pour la première fois, France 2 a proposé en deuxième partie de soirée deux soirées consécutives avec des programmes 100% régionaux: «La Conspiration du silence» et «Les Héros du gazon». Ces formats, pensés, produits et financés par les antennes régionales, ont d’abord été diffusés sur France.tv et sur France 3 dans leur région d’origine avant d’être proposés à un public national. Cela illustre notre stratégie d’impact et de visibilité : produire pour France.tv et les antennes régionales tout en permettant aux succès régionaux de circuler sur l’ensemble du groupe France Télévisions. Culturebox est également un excellent exemple. Nous avons développé avec eux une relation de co-production et de co-responsabilité éditoriale, notamment sur des captations culturelles et du spectacle vivant.
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Un des grands chantiers a été la transformation des éditions régionales d’information. Quels enseignements tirez-vous de cette évolution ?
PHILIPPE MARTINETTI
C’est une réussite, tant pour le public que pour le positionnement de proximité de France 3. Depuis septembre 2023, nous avons lancé 48 éditions de proximité sous la marque ICI 12/13 et ICI 19/20, avec un ancrage local assumé. Ce qui est fondamental, c’est que depuis septembre 2024, ce sont les rédactions régionales qui ont pris la main sur l’intégralité des contenus, garantissant ainsi une information de terrain, proche des citoyens. En audience, nous sommes en progression constante, avec environ 2,5 millions de téléspectateurs par jour pour le ICI 19/20. Et sur le numérique, la dynamique est impressionnante : nous représentons aujourd’hui 30% de l’offre globale de France Info, avec des records à 4 millions de visites par jour sur les sites régionaux.
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Le rapprochement entre France Télévisions et Radio France, avec la marque commune ICI, est un autre axe fort. Quelle est votre vision pour la suite ?
PHILIPPE MARTINETTI
ICI incarne une offre cohérente entre télévision et radio. C’est un modèle inédit d’hyperproximité, avec une présence forte sur le territoire. L’avenir se décompose en trois axes majeurs 1) Préserver la singularité des deux médias tout en misant sur la complémentarité des offres, notamment sur les événements sportifs, culturels ou électoraux. 2) Renforcer la convergence numérique : la plateforme ICI intègre progressivement l’ensemble des offres radio et vidéo des régions de France Télévisions. 3) Amplifier notre maillage territorial pour être encore plus présents là où nous ne sommes pas encore assez implantés.
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Après 4 ans de transformation, quelle est la prochaine grande étape?
PHILIPPE MARTINETTI
Nous avons trois priorités pour l’offre régionale de France Télévisions: consolider et amplifier les transformations engagées. Accélérer la diversification des contenus, notamment pour France.tv. Et enfin, renforcer notre présence sur le territoire, car toutes les études montrent une demande forte de proximité.