Parents britanniques unis contre la pression des smartphones chez les jeunes

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C’est la question que beaucoup d’adultes redoutent de se voir poser par leurs enfants: quand est-ce que je pourrais avoir un téléphone ? Au Royaume-Uni, des parents inquiets de la conséquence de cet appareil sur les jeunes ont décidé de passer à l’action. Pour Daisy Greenwell, journaliste et mère de trois enfants, tout a commencé par une banale conversation au portail de l’école, lorsqu’un parent d’élève lui a annoncé que son fils de 11 ans avait déjà un téléphone, tout comme un tiers des enfants de la classe. «Cette conversation m’a terrorisée. Je ne veux pas donner à mon enfant quelque chose qui, je le sais, nuira à sa santé mentale et la rendra dépendante», a-t-elle posté en commentaire d’une publication sur Instagram, début février. «Mais je sais aussi que la pression pour (lui donner un téléphone), si le reste de sa classe en a un, sera énorme», a ajouté cette habitante de Woodbridge (est de l’Angleterre). Sa publication a déclenché un raz-de-marée de réactions de la part de parents eux aussi inquiets à l’idée de fournir à leurs enfants un appareil dont ils craignent qu’il ne les expose au harcèlement en ligne, à la pression sociale, à des contenus nocifs et même à des prédateurs. Avec son amie Clare Reynolds, elle a lancé une campagne intitulée «Parents United for a Smartphone Free Childhood» (Parents unis pour une enfance sans smartphone). Des études ainsi que des expériences rapportées par des parents ont créé un sentiment d’appréhension face aux demandes pressantes des enfants d’avoir un téléphone. Daisy Greenwell explique avoir été choquée par une étude montrant que plus un enfant reçoit un téléphone portable tôt, plus sa santé mentale pourrait ensuite en pâtir. De nombreux parents se sentent cependant incapables de refuser de donner le précieux appareil à leurs enfants. 

«Rite de passage» : La quasi-totalité des élèves ont désormais un téléphone portable vers l’âge de 11 ou 12 ans, a déclaré à la mi-mars devant une commission parlementaire le secrétaire d’Etat britannique à l’Education Damian Hinds «Il semble qu’il s’agisse d’un rite de passage», leur a-t-il affirmé, ajoutant que certains enfants en avaient un «bien plus tôt». Après le débat qu’elle a initié sur les réseaux sociaux, Daisy Greenwell a crée un groupe WhatsApp qui a rapidement réuni pléthore de parents partageant les mêmes idées qu’elle, et se retrouvant soulagés de voir que d’autres ressentaient la même chose. Il y a eu «un effet boule de neige», dit-elle. Avec Clare Reynolds, elle a encouragé la création de groupes régionaux, et des groupes de travail réunissant des personnes possédant une expertise sur la question, comme des chefs d’établissement, ont également émergé. Dans d’autres, figurent un directeur d’une entreprise technologique et un collaborateur du Premier ministre Rishi Sunak.