«Paris Première n’a pas d’avenir sur la TNT payante»

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Nicolas DE TAVERNOST, Président du directoire du Groupe M6

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel va-t-il octroyer le passage en TNT gratuite à Paris Première ? La question reste entière et le CSA donnera sa réponse courant décembre. En attendant, pour en savoir davantage sur la chaîne et son ambition, média+ s’est entretenu avec Nicolas DE TAVERNOST, Président du directoire du Groupe M6.

media+

D’ici quelques jours, le CSA décidera du passage ou pas de Paris Première en TNT gratuite. Quel est votre état d’esprit ?

Nicolas DE TAVERNOST

Nous ne sommes ni optimistes, ni pessimistes. Nous sommes attentifs puisque l’avenir de Paris Première en dépend. En 18 mois, le projet de notre chaîne est resté identique. L’étude d’impact du CSA soulignait à l’époque l’intérêt de cette chaîne sur la TNT gratuite. Depuis, il y a eu un certain nombre de modifications dans le paysage audiovisuel qui sont venues conforter la position de Paris Première. Même si elle ne donne pas de conclusions, nous avons été un peu surpris par la dernière étude d’impact fournie par le CSA.

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Par quoi êtes-vous gêné dans l’étude d’impact de Paris Première ?

Nicolas DE TAVERNOST

On semble dire que LCI, l’une des chaînes qui demande son passage en gratuit, aurait évolué, contrairement au format de Paris Première. Or, c’est le format de notre chaîne qui fait tout son intérêt. Par ailleurs, nous avions donné au CSA des garanties pour que ce format n’évolue pas, tout en prenant des engagements très significatifs si la chaîne passait en gratuit. Paris Première viserait par exemple 30 à 35 M€ de budget (contre 15 M€ actuellement), 40% de diffusion d’œuvres cinématographiques de patrimoine et d’art et d’essai, un minimum de 500 heures de spectacles vivants par an ou encore 800 heures de programmes inédits chaque année. Deuxièmement, en 18 mois, l’environnement a évolué. Il y a eu des regroupements et des prises de participation de groupes. Je rappelle que dans la première étude d’impact, on disait que Paris Première pouvait faire du mal à Numéro 23. Depuis, le CSA a indiqué que c’était une fraude avérée. L’environnement ainsi que le marché publicitaire de la TNT gratuite ont évolué très favorablement, contrairement au payant. J’espère que la décision du CSA sera positive.

media+

En dépit du contexte concurrentiel, Paris Première a-t-elle plus que jamais sa place sur la TNT gratuite ? 

Nicolas DE TAVERNOST

Aujourd’hui, c’est une chance pour la TNT gratuite d’avoir une chaîne comme la nôtre. Elle a sa place, beaucoup plus que n’importe quelle autre chaîne d’information ou de documentaire. Jusqu’à présent, les tentatives d’enrichissement de la TNT gratuite n’ont pas été couronnées de succès.

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La viabilité économique de Paris Première sur le payant est-elle remise en cause ?

Nicolas DE TAVERNOST

Paris Première n’a pas d’avenir sur la TNT payante. Nous avons besoin d’être sur la TNT gratuite pour assurer un avenir à la chaîne en matière de recettes publicitaires. Si nous n’avions pas accès au gratuit, Paris Première renoncerait probablement à la fréquence TNT. On redeviendrait une chaîne cab/sat généraliste à vocation culturelle. Cela veut dire aussi que le spectacle vivant, le théâtre, ce serait fini. Ce ne serait plus la chaîne que vous connaissez. Ce serait tout de même un gâchis.