C’est au Cercle Républicain que le Club audiovisuel a mercredi soir fait son dîner-débat sur la stratégie du Groupe France Télévisions. Patrick de Carolis, Président du Groupe, y a défendu sa politique pour «un virage éditorial» et s’est plié au jeu des questions-réponses. Le Président de France Télévisions a déclaré dans son discours que «le virage éditorial» était d’une grande importance stratégique et financière, qu’il fallait se battre pour que le service public soit un véritable «Groupe», et que malgré des moyens bien inférieurs à ses concurrents, il comptait faire entendre sa singularité et ses valeurs. Pour le Président, il y a des choses qui n’ont pas de prix, comme le fait que seul le Groupe France télévisions programme des émissions politiques, des débats, hors élections présidentielles. Le discours s’est fait insistant sur cette question; il y a des valeurs que représente le service public, qui font sa singularité et que le Président entend défendre. Ce sont d’ailleurs ses convictions personnelles puisqu’il a déclaré sur le ton de la confidence que pour lui tous les événements sportifs impliquant une équipe de France devrait être diffusés systématiquement sur le service public. Le Groupe France Télévisions évolue dans un environnement changeant dans lequel il est entouré de quatre acteurs privés eux-mêmes organisés en Groupe, auxquels il faut ajouter selon Patrick de Carolis les nouveaux entrants de la Téléphonie. Le patron du service public a multiplié les exemples pour expliquer que son Groupe ne disposait pas de la même trésorerie que ses concurrents; il a précisé qu’Orange possédait une trésorerie cent fois supérieure à la sienne, ou encore que le coût total des événements sportifs diffusés s’élevait à 80 millions d’euros et que ses concurrents pouvaient à tout moment acheter les droits. Patrick de Carolis n’a d’ailleurs pas nié les efforts à réaliser sur les coûts et c’est pour cette raison qu’il a appelé à harmoniser les programmes des chaînes, mais aussi les techniques et par conséquent les achats de fonctionnement. L’enjeu, c’est exister comme un véritable Groupe pour faire face à la concurrence, et cela le Président de France Télévisions assure que c’est son combat quotidien, notamment pour que les différentes chaînes arrêtent de se faire la guerre. Seule l’union des forces peut faire la différence car les chaînes ne peuvent pas «vaincre seule les autres groupes». Toutefois, il a rappelé que «le service public ne coûte pas cher», et que la redevance permettait une relation particulière avec les Français. Cette relation France Télévisions compte en faire un atout pour la fidélisation, et c’est dans ce sens que le service public a lancé sa Fondation pour soutenir et créer des événements culturels et citoyens, et a lancé cette semaine le Club France Télévisions pour entretenir un lien privilégié avec ses téléspectateurs. Patrick de Carolis a estimé que France Télévisions pouvait également «vivre en dehors de l’antenne». Le virage éditorial au niveau de la programmation est incarné par des «paris audacieux» comme la magazine culturel quotidien de Frédéric Taddéï, et le magazine écologique de Yann Arthus Bertrand. L’essentiel de la politique de France Télévisions se résume c’est «d’être différent», de réussir à marier l’audience et la qualité. Patrick de Carolis a tenu a répondre à certaines remarques de ses concurrents et tordre le coup à certaines idées reçues sur le service public. A Nicolas de Tavernost, Président du Groupe M6, qui affirmait que France Télévisions avait «trop de chaînes», le patron du Groupe public a répondu qu’une telle affirmation était fausse et qu’il suffisait de regarder ce qui se faisait en Angleterre où la BBC contrôle neuf chaînes ou encore en Allemagne où le service public en contrôle quinze. Selon , le Président du Groupe France Télévisions, les autres chaînes ont raté le virage de la TNT contrairement au service public dont «l’ambition est de devenir le premier bouquet gratuit de la TNT».